Sommaire du dossier : Entre chrétiens et musulmans, quelles frontières ?
- 2006-2008 : « Entre chrétiens et musulmans, quelles frontières ? »
- La frontière : notion complexe et ambiguë
- Libre méditation sur les frontières dans le Premier Testament
- Paul, les premières communautés chrétiennes et les frontières
- Islam et appartenances
- Deux visages de la frontière imaginaire
- De la superposition de frontières à la pluralité d’appartenances
- Frontières entre Islam et Christianisme.
- Une frontière commune : la lutte contre l’idolâtrie
- Musulmans d’Europe et citoyenneté : Intégration, mutations et avenir.
- Le mariage de la musulmane avec un non musulman : Dépassement ou transgression des frontières
- Le malaise face à l’islam : Le cas de la Méditerranée
- Transmettre les valeurs morales et spirituelles aux jeunes générations en France.
- La frontière ; A l’aune des religions et des sciences sociales
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« Un scribe s’avança. Il les avait entendus discuter et voyait que Jésus leur avait bien répondu. Il lui demanda : » Quel est le premier de tous les commandements ? » Jésus répondit : » Le premier, c’est : Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur ; tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force. Voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas d’autre commandement plus grand que ceux-là. » (Mc 12, 28-31) « Dieu, il n’y a pas d’autre Dieu que Lui, il est le vivant, celui qui subsiste par lui-même… » (Cor 2,255).
Introduction
L’invitation à proclamer l’unicité de Dieu, qui est au cœur du judaïsme, du christianisme et de l’islam, oppose-t-elle ces religions ou les rassemble-t-elle ? L’universalisme de chaque religion monothéiste ne tend-il pas immanquablement à une prétention exclusiviste qui engendre la négation et la condamnation de toute autre forme religieuse ? De ce point de vue, l’islam et le christianisme n’apparaissent-ils pas d’abord comme opposés dans leur conception de Dieu ? Il est vrai que musulmans et chrétiens se sont longtemps opposés, politiquement et religieusement, que les textes de polémique antichrétienne ou anti musulmane continuent de circuler de part et d’autre et que, objectivement, le monothéisme musulman et le monothéisme chrétien s’appuient sur une conception de l’unicité de Dieu bien différente. Pourtant, lorsque qu’on regarde dans les deux religions, ce qui fait la frontière entre le croyant et le non croyant, on s’aperçoit que l’exposé de nos divergences doit être immédiatement complété par ce qui constitue une frontière commune, la lutte contre l’idolâtrie, qui met en valeur, notre foi commune dans le Dieu créateur. Regardons de plus près cette frontière commune : ce qu’elle signifie dans notre rapport à Dieu et aux hommes.
1. La véritable idolâtrie, le véritable shirk
Dans l’Ancien Testament, les tentations pour la foi sont essentiellement liées au risque de l’idolâtrie, c’est-à-dire au fait de vouloir des « dieux à taille humaine » comme leur apparaissent ceux des nations païennes. Même si les prophètes d’Israël ont dénoncé le culte aux divinités païennes en soulignant le côté ridicule des représentations humaines de Dieu [1], ce qui est dénoncé n’est évidemment pas une idolâtrie purement matérielle, comme si le peuple d’Israël allait « matériellement » mettre sa foi en une statue. La question est plus profonde ; le culte rendu aux idoles signifie bien plus que ce qu’en laisse découvrir une observation simplement extérieure du culte. Elle est radicalement, pour tout homme ou tout groupe humain, la question de l’acceptation d’une dépendance de Dieu dans sa vie ; alors que les divinités « à l’image de l’homme » servent en fait d’alibis à l’homme pour construire sa vie comme il l’entend, Dieu vient interroger l’homme dans son agir et le pousser à choisir autre chose que son intérêt propre. Le culte véritable signifie donc une libre acceptation d’un Dieu qui pousse l’homme au-delà de ses propres conceptions humaines. Le culte véritable est un culte qui décentre l’homme de lui-même et l’oblige à accepter une dépendance fondamentale. L’idolâtrie prend d’ailleurs de nombreuses formes dans l’Ancien Testament (ne pas se fier en Dieu seul, se croire maître de sa propre vie [2], mettre sa force en ses propres armes plutôt qu’en Dieu [3]…), y compris parfois la forme d’un culte au Dieu unique qui est en fait, là encore, un alibi pour se donner bonne conscience malgré les actes d’injustice commis au quotidien [4] . Le culte au Dieu unique, si beau soit-il, est idolâtrique, détestable aux yeux de Dieu, si il n’est pas accompagné d’un souci du plus pauvre et d’un respect de chaque homme.
La prédication de Jésus à propos du sabbat va dans le même sens. Le sabbat est le témoignage rendu hebdomadairement au Dieu créateur de qui toute vie et toute richesse provient (Ez 20, 12). Mais à partir du moment où le sabbat est accaparé par le pouvoir religieux et devient une fin en soi, il constitue un obstacle entre l’homme et Dieu ; il devient en quelque sorte idolâtre dans la mesure où il témoigne de l’hypocrisie religieuse des hommes (Lc 13, 10-16).
Il en est de même pour la tentation du shirk dans l’islam, l’associationnisme. Même s’il est symbolisé par la destruction des idoles de la Ka’aba lors du retour de Muhammad à la Mekke, le combat contre les mushrikûn (associationnistes) est d’abord aujourd’hui pour chaque musulman le djihâd intérieur, le combat spirituel qui conduit le croyant à marcher sur la voie droite (sirât al-mustaqîm) en luttant contre la tentation de se croire lui-même maître de sa vie, ou pire encore, maître de celle des autres. Muslim (musulman), souvent traduit par « soumis », renvoie en fait à l’attitude de celui qui s’abandonne à Dieu, qui remet sa vie entre les mains de Dieu [5]. Dans la mystique musulmane, comme dans la mystique chrétienne [6], l’abandon peut atteindre un degré extrême de l’anéantissement de soi en Dieu (fanâ’). La première partie de la shahâda (profession de foi) ne signifie quelque chose, que dans la mesure où elle témoigne de l’acceptation d’une dépendance existentielle du Créateur : « j’atteste qu’il n’y a pas de divinité en dehors de Dieu ». La question n’est pas d’abord d’admettre intellectuellement l’existence d’un Dieu unique, mais d’en admettre existentiellement les conséquences : « remettre sa vie entre les mains de Dieu ».
Le tawhîd (l’unicité) se présente aux yeux du musulman, non seulement comme le résumé de sa foi, mais aussi comme le plus haut degré de la révélation. Il a été révélé très clairement par Dieu à travers le Coran [7] et les dires du Prophète [8]. Dieu est l’Unique, le Créateur, le Transcendant et tout le reste n’est que créature. Parce qu’elle n’est pas Dieu, la créature est ontologiquement servante de son créateur. Cette dualité marque profondément la conception de Dieu et de l’homme dans l’Islam. La reconnaissance du tawhîd devient alors pour l’homme un refus de tout autre chemin éthique et religieux, que celui d’être serviteur de Dieu et devient la base de toute réflexion sur l’homme vis-à-vis de Dieu.
Il apparait donc que la réalité de l’idolâtrie est plus complexe que ce qu’on peut en dire de prime abord. De la même manière que dans toute la révélation biblique, la tentation de l’idolâtrie n’est pas tant d’adorer des statues d’animaux ou de divinités, que de se faire un Dieu à son image, la véritable idolâtrie, aujourd’hui, c’est quand le culte rendu à la divinité aboutit, à terme, à une autoglorification, à la glorification d’un autre homme, ou à un refus de la transcendance. L’idolâtrie peut même prendre des formes subtiles où, sous le couvert d’un dépassement de soi et d’un culte à Dieu, pourrait se vivre en réalité une forme de mise en valeur de ses propres forces, de ses propres biens, de sa propre personne, ou de son groupe. Dans notre société occidentale actuelle, on pourrait même distinguer une idolâtrie explicite (évoquée ci-dessus) d’une idolâtrie implicite qui consisterait, sans aucune forme explicite de référence à Dieu, à refuser toute hétéronomie ou toute altérité dans la manière de conduire sa vie. Lorsque la quête de sens (ou le refus d’une quête de sens) marquée par l’individualisme et le consumérisme est réduite au désir de se construire son monde : être maître de son destin, de sa famille, de son travail et même de sa vie physique… il y a une forme d’idolâtrie qui, bien qu’implicite, n’en est pas moins le refus de reconnaître que son existence ne dépend pas uniquement de soi, mais des autres.
On le voit, juifs, chrétiens, musulmans se situent, vis-à-vis de l’idolâtrie, dans une même attitude existentielle : celle du refus de se croire maître absolu de sa destinée. Et si le refus de l’idolâtrie se traduit différemment dans les trois religions, notamment dans le christianisme où le renoncement à soi se dit dans un attachement au Christ [9], il y a une attitude commune qui informe la manière d’être homme individuellement ou en société.
2. La primauté donnée à Dieu, au service de l’homme
Aux yeux de beaucoup, cette acceptation d’une dépendance vis-à-vis de Dieu constitue une menace à la liberté de l’individu. Pourtant, les trois religions affirment que paradoxalement, c’est dans cet abandon que les hommes gagnent leur liberté. Même si, selon certains, il n’y pas besoin, de faire référence à une transcendance pour répondre à sa quête de bonheur qui, de fait, demande certains renoncements [10]. L’autre est toujours vu par rapport à ce qu’il apporte et non l’inverse., le judaïsme, le christianisme et l’islam invitent à une autre conception du bonheur où la lutte contre l’idolâtrie et l’affirmation de l’unicité de Dieu deviennent un chemin d’émancipation pour l’individu et pour la société.
a) La véritable liberté : pour une émancipation de l’homme
Pour le chrétien, comme pour le musulman, il s’agit, en acceptant une radicale dépendance vis-à-vis de Dieu, de devenir homme : un homme responsable, capable de construire dans sa vie terrestre son propre bonheur et celui des autres. Or faire le bien (son bonheur et celui des autres) n’est pas évident, car si l’homme croyant ressent un appel à orienter sa vie en fonction de Dieu, il fait la constatation qu’il n’est pas facilement libre de faire le bien qu’il voudrait faire. C’est ce que souligne saint Paul « Moi qui veux faire le bien, je constate donc cette loi : c’est le mal qui est à ma portée. Car je prends plaisir à la loi de Dieu, en tant qu’homme intérieur, mais, dans mes membres, je découvre une autre loi qui combat contre la loi que ratifie mon intelligence ; elle fait de moi le prisonnier de la loi du péché qui est dans mes membres. Malheureux homme que je suis ! Qui me délivrera de ce corps qui appartient à la mort » (Rm 7, 21-24). Le Coran ne dit pas autre chose lorsqu’il affirme, à travers ce verset imagé, en même temps la responsabilité dont l’homme a été chargée (d’accepter l’orientation radicale de sa vie vers le Dieu unique) et la difficulté à répondre à cet appel. « Oui, nous avions proposé le dépôt (al-amâna) de la foi aux cieux, à la terre et aux montagnes. Ceux-ci ont refusé de s’en charger et ils en ont été effrayés. Seul l’homme s’en est chargé, mais il est injuste et ignorant. » (Cor 33, 72).
C’est ce que signifie dans le christianisme la théorie du péché originel ou dans l’islam la conviction équivalente [11] que l’homme est sans cesse tenté par des forces malignes de se détourner du chemin où Dieu l’attend. La vraie liberté n’est pas de se laisser guider par ses passions, mais de s’affranchir de son égo et de tout ce qui empêche d’édifier un monde meilleur, de savoir dépasser les réticences rencontrées et la non-satisfaction immédiate de ses désirs. Devenir homme c’est entrer dans un chemin de vérité sur soi-même : l’homme n’est pas tout puissant. Il n’est maître ni de sa condition de départ, ni des événements qui vont le façonner, ni même toujours libre de faire ce qu’il croit nécessaire de faire.
La voie que proposent le christianisme et l’islam permet à l’individu de sortir progressivement de son enfermement et l’invite à accueillir une force qui ne vient pas de lui mais de Dieu, ainsi que le pardon qui lui permet de se relever après l’échec. Cette voie donne à l’homme une vraie possibilité d’émancipation qui va lui permettre d’entrer de manière authentique dans une triple relation : avec Dieu, avec les autres et avec lui-même. Chrétiens et musulmans ont deux manières différentes de le dire. Les chrétiens affirment que le Christ, par son Esprit agit en eux et leur donne la possibilité de faire ce qu’ils ne parviendraient pas à faire par eux-mêmes [12]. Les musulmans savent, en demandant la protection de Dieu contre Satan, qu’ils pourront se laisser guider par la Parole même de Dieu [13] et ne se détourneront pas de ce chemin de bonheur voulu par Dieu pour l’ensemble des hommes. Mais Dieu donne sa grâce précisément pour préserver à l’homme sa vraie liberté d’agir. Aussi toute démarche religieuse qui empêcherait, au nom de Dieu, l’homme de suivre sa conscience dans ses choix religieux tomberait dans un autre type d’idolâtrie : celui de penser la contrainte humaine supérieure à la grâce de Dieu [14].
b) Pour une émancipation de la société
Cette restauration de l’homme dans sa liberté concerne non seulement chaque individu dans sa relation par rapport à Dieu et aux hommes, mais il concerne aussi la société toute entière. Chaque homme est appelé à en vivre et à proposer autour de lui cette possibilité d’émancipation pour contribuer à l’élaboration d’une société meilleure.
Dans le judaïsme, dans le christianisme ou dans l’islam, le message prophétique a toujours mis en parallèle le culte au Dieu unique et les œuvres de justice. A partir du 8ème siècle av JC jusqu’au milieu de l’époque perse, on peut constater dans l’enseignement prophétique adressé au peuple d’Israël une primauté du comportement éthique sur le culte [15]. Pour Amos, Isaïe, Michée… ce que Dieu attend, ce n’est pas d’abord la beauté de la prière liturgique, mais la pratique du droit et de la justice. Tant que le culte au temple sert à se donner bonne conscience et à camoufler le vol, le meurtre ou l’adultère, il est idolâtrique (Am 5, 21-28). La loi d’Alliance comporte, bien sûr, le culte au Dieu unique, mais d’abord – et c’est la condition d’un culte authentique – le respect de la justice envers l’autre, spécialement les opprimés et les démunis (Ps 50, 18-21 ; Is 58, 6-7) [16]. Dans la prédication de Jésus, le double commandement de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain sont indissociables. La communauté chrétienne « idéale » décrite dans les actes des apôtres (Ac 2, 42-47) fait le lien entre l’enseignement des apôtres, la célébration et le partage des biens. L’ordre chronologique de la révélation des sourates du Coran montre que la prédication du Dieu unique était assortie d’une lutte contre les injustices sociales (Cor 68,10-14), que l’invitation à la prière était liée au partage avec le plus pauvre (Cor 73,20 ; 74,43-44). Selon la tradition, une des tâches essentielles du Prophète après Médine, était d’élever la Umma dans l’esprit du tawhîd, et notamment de veiller à ce que se forme une société où chacun puisse trouver sa place. C’est dans ce cadre que s’est mise en place l’invitation à rechercher le bien (ma’rûf) et à rejeter le mauvais (munkâr) pour que la communauté puisse vivre dans ce chemin voulu par Dieu, seul susceptible de contribuer au bonheur de tous.
L’homme croyant a une responsabilité dans la construction du monde : il reçoit de Dieu la mission d’organiser une société toujours plus juste et plus fraternelle. Les chrétiens reprennent souvent l’image évangélique du « levain dans la pate » pour symboliser l’action du croyant dans la société. Son action, tout en respectant l’autonomie légitime des manières de penser et d’organiser la vie de la société, vise à faire germer la justice, la fraternité et la paix entre les hommes.
L’expérience de l’histoire a montré différentes réalisations de cette mission. Les religions ont eu parfois un rôle de contestation positive dans la société, au sens où elles apportaient un regard critique sur telle ou telle pratique, projet de loi, réforme… encourageant les croyants à participer activement à la vie politique et à orienter ainsi la vie de la société. Parfois, les religions ont participé à l’exercice direct du pouvoir politique. Après plusieurs siècles d’expérience, il semble qu’à chaque fois que le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel ont été mêlés, le risque d’idolâtrie a été difficilement surmontable :
Soit le pouvoir spirituel a été utilisé par le pouvoir temporel pour justifier ses propres positions. La religion est devenue alors symbole de violence et d’intolérance… le contraire de ce qu’elle prétend être.
Soit l’affirmation de Dieu a été invoquée aux dépens de la responsabilité de l’homme dans la création, et a contribué à une perte d’autonomie dans la gestion des biens terrestres.
Conclusion :
Même s’il est clair que musulmans et chrétiens ont une conception du Dieu unique assez différente, l’unicité de Dieu définit, au-delà de ces divergences, une frontière commune : celle de la foi au Dieu unique. Cette foi commune implique une manière fondamentalement commune de se situer vis-à-vis de Dieu et des hommes : rejet de toute idolâtrie et service de l’homme. C’est au nom de cette frontière commune que musulmans et chrétiens sont appelés non seulement à collaborer ensemble dans l’édification d’un monde plus juste et plus fraternel, mais qu’ils doivent s’estimer mutuellement en faisant crédit à l’autre du meilleurs de ce qu’il vit, célèbre et proclame dans sa foi.
Par Henri de La Hougue (GRIC de Paris)
- [1]Ps 115,4-7 « Leurs idoles sont d’argent et d’or, faites de main d’homme : Elles ont une bouche, et ne parlent pas ; elles ont des yeux, et ne voient pas ; elles ont des oreilles, et n’entendent pas ; elles ont un nez, et ne sentent pas ; des mains, et elles ne palpent pas ; des pieds, et elles ne marchent pas ; elles ne tirent aucun son de leur gosier. Que leurs auteurs leur ressemblent, et tous ceux qui comptent sur elles ! »↩
- [2]Par ex., Jr 2, 13 : « Oui, il est double, le méfait commis par mon peuple : ils m’abandonnent, moi, la source d’eau vive, pour se creuser des citernes, des citernes fissurées qui ne retiennent pas l’eau ».↩
- [3]Par ex., Is 31, 1 : « Ils s’en remettent à des chevaux, ils font confiance aux chars parce qu’ils sont nombreux, aux cavaliers parce qu’ils sont en force, mais ils n’ont pas un regard pour le Saint d’Israël, ils ne cherchent pas le Seigneur ».↩
- [4]Par ex., Am 5, 21 : « Je déteste, je méprise vos pèlerinages, je ne puis sentir vos rassemblements, quand vous faites monter vers moi des holocaustes ; et dans vos offrandes, rien qui me plaise ; votre sacrifice de bêtes grasses, j’en détourne les yeux ».↩
- [5]L’expression est utilisée dans les trois religions (Sg 3,1)↩
- [6]« Mon Père, je m’abandonne à toi, fais de moi ce qu’il te plaira », dit Charles de Foucauld dans sa célèbre prière d’abandon, partageant avec ses amis musulmans cette attitude fondamentale de disponibilité vis-à-vis de Dieu.↩
- [7]Pour les références les plus connues : Cor 112 ; Cor 2, 255 ; Cor 2, 163 ; Cor 73, 8-9…↩
- [8]Cf. par exemple dans le Sahîh de Al-Bukhârî, le Kitâb al-Tawhîd, d’où est extrait ce hadîth : « Un homme entendit un autre homme réciter continuellement la sourate 112 : “Dis : Lui, Dieu est un…” Le lendemain, il vint voir le Prophète et l’en informa en lui demandant si cela suffisait. Il répondit : “Par celui dont mon âme est entre les mains, ceci équivaut à un tiers de la récitation du Coran. »↩
- [9]Au sens où Paul le proclame dans la lettre au Galates : « Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi » (Gal 2,20)↩
- [10]Cf. Tal BEN-SHAHAR, L’apprentissage du bonheur, Belfond, Paris 2008, p. 180. L’auteur, enseignant à Harvard en psychologie positive, ne fait aucune référence à une transcendance ou à un bonheur reçu↩
- [11]Même s’il n’y a pas de théorie du péché originel dans l’islam, il y a cette idée fondamentale que l’homme est sans cesse tenté de se détourner de ce chemin droit (sirât al-mustaqîm) où Dieu l’attend et doit fréquemment invoquer Dieu pour qu’il le protège de ce tentateur « qui se faufile jusque dans les entrailles de l’homme » (Cor 114,5). Le récit de la révolte de diable (Iblis) dans le Coran en face de Dieu et du premier péché d’Adam est très explicite : [Dieu dit :] « Oui, nous vous avons créés et nous vous avons modelés, puis nous avons dit aux anges : « Prosternez-vous devant Adam ». Ils se prosternèrent à l’exception d’Iblis, car il n’a pas été de ceux qui se sont prosternés. Dieu dit : « Qu’est-ce qui t’empêche de te prosterner lorsque je te l’ordonne ? » Il dit : « Je suis meilleur que lui, tu m’as créé de feu et tu l’as créé d’argile ». Dieu dit : « descends d’ici, tu n’as pas à te montrer orgueilleux en ce lieu, sors, tu es au nombre des méprisés ! » Il dit : « accorde-moi un délai jusqu’au jour où ils seront ressuscités ». Dieu dit : « Ce délai t’es accordé ! ». Il dit : à cause de l’aberration que tu as mise en moi, je les guetterai sur ta voie droite, puis, je les harcèlerai par-devant et par derrière, sur leur gauche et sur leur droite. Tu ne trouveras chez la plupart d’entre eux aucune reconnaissance. » Dieu dit : « Sors d’ici, méprisé, rejeté ! Je remplirai la géhenne de vous tous et de tous ceux qui t’auront suivi. » « Ô Adam ! Habite le Jardin, toi et ton épouse, mangez de ses fruits partout où vous voudrez ; mais n’approchez pas de cet arbre que voici, sinon vous seriez au nombre des injustes ». Le démon les tenta afin de leur montrer leur nudité qui leur était encore cachée. Il dit : « Votre seigneur vous a interdit cet arbre pour vous empêcher de devenir des anges ou d’être immortels. » Il leur jura : « Je suis, pour vous, un conseiller digne de confiance » et les fit tomber par la séduction. » (Cor 7, 11-22) « Abou Hurayra a dit : J’ai entendu l’envoyé de Dieu s’exprimer ainsi : Il ne nait pas un seul fils d’Adam, sans qu’un démon ne le touche au moment de sa naissance. Celui que le démon touche ainsi pousse un cri. Il n’y a eu d’exeption que pour Marie et son fils ». (Al-Bukhâri, Les traditions islamiques, Maisonneuve, Paris 1984, tome II, Livre 60, ch 44)↩
- [12]« A Celui qui peut, par sa puissance qui agit en nous, faire au-delà, infiniment au-delà de ce que nous pouvons demander et imaginer, à lui la gloire dans l’Église et en Jésus Christ, pour toutes les générations, aux siècles des siècles. Amen ». (Eph 3, 20-21)↩
- [13]Cor 16, 98-99 : « Lorsque tu lis le Coran, demande la protection de Dieu contre Satan le maudit. Celui-ci n’a aucun pouvoir sur les croyants, ni sur ceux qui se confient en leur Seigneur ».↩
- [14]Cf. Cor, 2, 256 : « Pas de contrainte en religion… »↩
- [15]Cf. Jacques VERMEYLEN, Jérusalem centre du monde, op. cit., ch. VI p. 227-283 (résumé p. 281-283).↩
- [16]Cf. Gérard VERKINDERE, La justice dans l’Ancien Testament, Cahier Évangile n°105, Paris, Cerf, 1998, notamment pp. 36-38.↩