Extraits du discours d’ouverture de l’année académique de la faculté pontificale de théologie d’Italie du Sud par le Cal Jean-Louis Tauran
Nous proposons ici une traduction des extraits de textes rapportés en italien dans l’Osservatore Romano. Le texte original suit.
Nous vivons dans une société pluriculturelle et pluri religieuse, c’est une évidence. La thèse de HUNTINGTON, Le Choc des civilisations, s’est révélée fausse : proclamer que le monde est divisé en six ou sept civilisations différentes destinées à s’affronter ne tient pas. Il n’existe pas de civilisation pure. Il existe seulement des civilisations composites qui évoluent et se transforment selon un processus d’interaction permanente. En Italie par exemple, un enfant pratique le dialogue interreligieux depuis le jardin d’enfant il se trouve parmi des musulmans des bouddhistes, etc. Comme l’a démontré Paul Tillich, l’histoire ne connaît pas de culture qui ne soit pas religieuse.
L’autre jour, dans une boutique de l’aéroport, j’ai vu beaucoup de livres et de revues qui traitaient de sujets religieux, ésotériques ou qui se référaient à des religions nouvelles. On n’a jamais autant parlé de religions qu’aujourd’hui (Cf. Gilles KEPEL, La revanche de Dieu). Le président français Sarkozy, recevant le Corps diplomatique au début de l’année a affirmé que selon lui, deux arguments détermineront la physionomie de la société du XXI ème siècle : les questions environnementales et les questions religieuses.
Comment Dieu a-t-il fait pour retourner notre société ? Selon moi, c’est le grand paradoxe : c’est grâce aux musulmans. Ce sont les musulmans, devenus en Europe une minorité significative, qui ont demandé à notre société un espace pour Dieu. De plus une seconde raison tient au fait que les religions ont perçues comme un danger : le fanatisme, le fondamentalisme et le terrorisme ont été ou sont encore associés à une forme pervertie de l’islam. Il ne s’agit pas évidemment du véritable islam pratiqué par la majorité de ceux qui suivent cette religion, mais c’est un fait qu’encore aujourd’hui certains sont tués pour des motifs religieux. Il suffit de mentionner l’assassinat de l’archevêque catholique de Mossoul. J’ai lu qu’en 2007 123 chrétiens ont trouvé la mort parce qu’ils étaient chrétiens : en Irak, en Inde, au Nigeria. Les religions sont capables du meilleur comme du pire ; elles peuvent se mettre au service d’un projet salutaire comme d’un projet d’aliénation, prêcher la paix ou la guerre… Cependant il faut préciser ici que ce ne sont pas les religions qui font la guerre, mais leurs adeptes. D’où la nécessité de tenir ensemble foi et raison, afin d’éviter d’agir contre la raison et donc contre Dieu, comme l’a rappelé Benoît XVI à l’université de Ratisbonne, le 12 septembre 2006.
Peut-être avons-nous oublié que l’homme est la seule créature qui questionne et que se questionne lui-même. Il est intéressant de noter que la déclaration Nostra Aetate du Concile Vatican II sur le dialogue interreligieux avait déjà souligné cette dimension de l’homme dans son préambule : « Les hommes attendent des diverses religions la réponse aux énigmes cachées de la condition humaine, qui, hier comme aujourd’hui, troublent profondément le cœur humain : Qu’est-ce que l’homme ? Quel est le sens et le but de la vie ? Qu’est-ce que le bien et qu’est-ce que le péché ? Quels sont l’origine et le but de la souffrance ? Quelle est la voie pour parvenir au vrai bonheur ? Qu’est-ce que la mort, le jugement et la rétribution après la mort ? »
De cela résulte le fait que nous sommes tous « condamnés » au dialogue. Mais qu’est-ce que le dialogue ? C’est la recherche de compréhension entre deux personnes, à l’aide de la raison, en vue d’une interprétation commune de leur accord ou de leur désaccord. Il suppose un langage commun, une honnêteté dans la présentation de leur propre point de vue et la volonté de faire tout son possible pour comprendre les arguments de l’autre. Appliqué au dialogue interreligieux, ces présupposés aident à comprendre que, quand on parle de dialogue interreligieux, il ne s’agit pas d’être gentil avec l’autre en vue de lui être agréable. Il ne s’agit pas non plus d’une négociation diplomatique pratique où on trouverait la solution définitive à un problème.
Dans le dialogue interreligieux, je prends un risque. J’accepte, non pas de renoncer à ma foi, mais de me laisser interpeller par les convictions de l’autre. J’accepte de prendre en considération des arguments différents des miens ou de ceux de ma communauté. Le but et de se connaître et de considérer la religion de l’autre avec bienveillance et de me laisser enrichir par les aspects positifs contenus dans sa religion. Toutes les religions ont leur identité propre, mais j’accepte de considérer que Dieu est aussi à l’œuvre en toutes, parmi ceux qui le cherchent avec sincérité.
Je dirai qu’il y a trois éléments à tenir ensemble : identité, altérité et le dialogue. Il ne s’agit pas évidemment de rechercher une religion transversale ou de rechercher le plus petit commun dénominateur. La première condition pour qu’un dialogue interreligieux porte du fruit est la clarté : chaque croyant doit être conscient de sa propre identité spirituelle. Les chefs religieux doivent être attentifs à ce que le génie propre de chaque religion soit bien compris.
Se pose alors la question de savoir comment concilier notre foi en Christ comme unique médiateur et l’appréciation des valeurs positives que nous trouvons dans les autres religions. En tout être humain se trouve la lumière du Christ. En conséquence, tout ce qui existe de positif dans les religions n’est pas mauvais. Tout ce positif participe à la grande lumière qui resplendi sur toutes les lumières. Et ici nous pouvons relire Nostra Aetate : « L’Église catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions. Elle considère avec un respect sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui, quoiqu’elles différent en beaucoup de ce qu’elle-même tient et propose, cependant apportent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes. » (§2)
On peut dire qu’à la fin du Concile Vatican II et jusqu’à aujourd’hui, les catholiques sont passés de la tolérance à la rencontre pour arriver au dialogue, qui n’est pas tant un dialogue entre les religions qu’un dialogue entre croyants. Ce dialogue se déroule selon quatre modalités :
Le dialogue de la vie : relations de bon voisinage avec les non chrétiens qui favorise le partage des peines et des joies, les rencontres à l’occasion des fêtes religieuses des uns et des autres.
Le dialogue des œuvres : collaboration en vue du bien-être des uns et des autres, spécialement des personnes qui vivent dans la solitude, la maladie ou la pauvreté, collaboration dans les diverses structures de la vie associatives et à l’occasion des grandes catastrophes naturelles.
Le dialogue théologique, quand il est possible, permet aux experts des deux partis de comprendre en profondeur leur héritage religieux respectif
Le dialogue de la spiritualité qui met à disposition des uns et des autres la richesse de leur vie de prière
Le dialogue interreligieux mobilise donc tous ceux qui sont en chemin vers Dieu ou vers l’Absolu. Tous les croyants et chercheurs de Dieu ont la même dignité. Pour un catholique, dialoguer avec les autres croyants est avant tout une expérience spirituelle et en cela, une grâce. C’est une activité purement religieuse animée non seulement par la connaissance religieuse ou l’amitié, mais aussi par la prière. Je suis porté à approfondir ma propre foi et à en témoigner, sans cependant masquer sa spécificité. Quand je parle à un musulman, par exemple, je ne peux pas mettre entre parenthèse les points essentiels du credo, comme la sainte Trinité ou l’incarnation. Aussi de simples gestes, comme porter une croix autour du cou, avoir un chapelet dans la main sont des gestes qui montrent l’attachement à ma foi. Le dialogue interreligieux suppose de ma part la sincérité, mais aussi l’humilité qui me pousse à reconnaître les erreurs du passé et du présent. Il ne s’agit pas de supprimer les différences, mais de les garder comme moyens de susciter une compréhension et un enrichissement mutuel.
Quel service le dialogue interreligieux peut-il rendre à la société ? C’est un fait que les citoyens membres de religions constituent la majorité de la société occidentale. Par leur nombre, la durée de leur tradition, la visibilité de leurs institutions et de leurs rites, les croyants sont de fait croyants et visibles comme tels. On peut les apprécier ou les combattre, mais ils ne laissent pas indifférents. Du reste, les responsables de la société, tout en maintenant le principe de séparation de l’Église et de l’État (je préfèrerai parler de « distinction »), sont obligés de s’entendre avec les communautés de croyants, sans pour autant se confondre avec elles, de les fréquenter sans s’opposer à elles. Les autorités civiles doivent prendre acte du fait religieux, garantir le respect effectif de la liberté de conscience et de religion et intervenir seulement au cas où l’exercice d’une telle liberté nuirait à la liberté des non-croyants ou perturberait l’ordre ou la santé publique.
Mais plus positivement, je dirai que c’est dans l’intérêt des responsables de la société de favoriser un dialogue interreligieux et de faire appel, dans le patrimoine spirituel et religieux des religions, à tant de valeurs spirituelles et morales, tant de valeurs susceptibles de contribuer à l’harmonie des esprits, à la rencontre des cultures et à la consolidation du bien commun. De fait, toutes les religions, à travers des moyens divers, invitent leurs propres fidèles à collaborer là où ils vivent avec tous ceux qui s’efforcent d’assurer le respect de la dignité de la personne humaine et de ses droits fondamentaux ; à développer le sens de la fraternité et de la solidarité et à se laisser inspirer par le savoir faire de la communauté des croyants qui, au moins une fois par semaine, réunit des millions de personnes, les plus diverses dans une authentique communion spirituelle ; à aider les hommes et les femmes de ce temps à ne pas être esclaves de la mode, du consumérisme et du profit. Les croyants sont appelés à contribuer concrètement au bien commun, à une authentique solidarité, au dépassement des crises, au dialogue interculturel : pour cela ils doivent participer au dialogue public dans la société dont ils sont membres.
Je devais répondre à une demande ; le dialogue interreligieux est-il une grâce ou un risque ? ma réponse n’est pas très originale, je réponds : les deux. Un risque est celui du syncrétisme, mais je dirai que ce risque peut être relativisé, comme je le disais, si tout croyant qui dialogue utilise sa raison et à la lumière de cette raison est incliné à approfondir sa propre foi pour en rendre compte. Ceci dit, il y a un autre risque, d’une autre nature : quand je demande à un bouddhiste ou à un musulman : dis-moi quelle est ta foi et comment tu la vis, je m’expose au risque de me voir obligé de répondre à la même demande de sa part. Alors le dialogue interreligieux, comme je le disais auparavant, est dans un certain sens une grâce, parce qu’il me met dans un état continuel de vigilance spirituelle, me poussant à la cohérence et au témoignage. Dans le mot « dialogue », le préfixe « dia », qui signifie « à travers » indique bien que dialoguer, c’est consentir à ce qu’une autre parole traverse ma propre parole, et ainsi les uns et les autres, nous pouvons découvrir non seulement nos richesses spirituelles, mais aussi éventuellement nos racines communes.
traduction non officielle par Henri de La Hougue (Gric)
(Source : Osservatore Romano – 28 novembre 2008)
Texte original : Viviamo in società pluri-culturali e pluri-religiose : è un’evidenza. La tesi di Huntington, lo scontro delle civiltà, si è rivelata falsa : proclamare che il mondo è diviso fra sei o sette civiltà differenti, destinate ad affrontarsi, non regge. Non esiste una civiltà religiosamente pura. Esistono soltanto civiltà composite, che evolvono e che si trasformano con un processo permanente di interazione. In Italia, per esempio, un bambino sin dall’asilo pratica il dialogo interreligioso : si trova in mezzo a compagni musulmani, a volte buddisti, eccetera. Come ha dimostrato Paul Tillich, la storia non conosce una cultura che non sia religiosa.
L’altro giorno in un’edicola dell’aeroporto ho visto tanti libri e le riviste che trattavano argomenti religiosi, esoterici o comunque riferiti a nuove religioni. Non si è mai parlato tanto di religioni come oggi (Gilles Kepel, La Revanche de Dieu). Il presidente francese Sarkozy, ricevendo il Corpo diplomatico all’inizio di quest’anno, ha affermato che, secondo lui, due argomenti determineranno la fisionomia delle società del xxi secolo : le questioni ambientali e quelle religiose. Come ha fatto Dio a ritornare nelle nostre società ? Questo, secondo me, è il grande paradosso. Grazie ai musulmani ! Sono i musulmani che, in Europa, diventati una minoranza significativa, hanno chiesto spazio per Dio nella società. Inoltre, una seconda causa, è che le religioni sono percepite come un pericolo : il fanatismo, il fondamentalismo e il terrorismo sono stati o sono ancora associati a una forma pervertita dell’islam. Non si tratta ovviamente del vero islam, praticato dalla maggioranza dei seguaci di questa religione, ma è un fatto che, ancora oggi, si viene uccisi per motivi religiosi. Basti menzionare l’assassinio dell’arcivescovo cattolico di Mossul. Leggevo che, nel 2007, centoventitré cristiani hanno trovato la morte perché cristiani : in Iraq , in India e in Nigeria . Le religioni sono capaci del meglio come del peggio. Possono mettersi al servizio di un progetto di santità o di alienazione. Possono predicare la pace o la guerra. Ma qui si deve precisare che non sono le religioni che fanno la guerra, ma i loro seguaci. Di qui la necessità di coniugare fede e ragione, dato che agire contro la ragione, in realtà, è agire contro Dio, come Benedetto XVI ha ricordato nella sua Lectio all’Università di Ratisbona il 12 settembre 2006.
Forse ci eravamo scordati che la persona umana è l’unica creatura che interroga e che si interroga. È interessante ricordare che la Dichiarazione Nostra aetate del concilio Vaticano ii sul dialogo interreligioso, già sottolineava questa dimensione dell’uomo nel suo preambolo : « Gli uomini attendono dalle varie religioni la risposta ai reconditi enigmi della condizione umana, che ieri come oggi turbano profondamente il cuore dell’uomo : la natura dell’uomo, il senso e il fine della nostra vita, il bene e il peccato, l’origine e lo scopo del dolore… la vera felicità, la morte ».
Da questo quadro risulta che siamo « condannati » tutti al dialogo. Ma cosa è il dialogo ? È la ricerca di comprensione fra due soggetti, con l’aiuto della ragione, in vista di un’interpretazione comune del loro accordo o del loro disaccordo. Suppone un linguaggio comune, onestà nella presentazione del proprio punto di vista, e volontà di fare tutto il possibile per capire gli argomenti dell’altro. Applicati al dialogo interreligioso, questi presupposti aiutano a capire che, quando si parla di dialogo interreligioso, non si tratta di essere gentili con l’altro, per risultargli gradevoli. Non si tratta nemmeno di un negoziato, praticato dai diplomatici : trovo la soluzione al problema e la questione è chiusa. Nel dialogo interreligioso prendo un rischio. Accetto, ovviamente, non di rinunciare alla mia fede, ma di lasciarmi interpellare dalle convinzioni altrui. Accetto di prendere in considerazione argomenti diversi dai miei o da quelli della mia comunità. Lo scopo è di conoscersi, di considerare la religione dell’altro con benevolenza e di lasciarsi arricchire dagli aspetti positivi celati nella sua religione. Ogni religione ha la sua identità, ma accetto di considerare che Dio è anche all’opera in tutti, nell’anima di chi lo cerca con sincerità. Direi che tre sono gli elementi che vanno insieme : identità, alterità e dialogo. Non si tratta, ovviamente, di ricercare una specie di religione universale, o di ricercare il più piccolo denominatore comune. La prima condizione perché il dialogo interreligioso sia proficuo è la chiarezza : ogni credente deve essere consapevole della propria identità spirituale. I capi religiosi devono stare attenti a che il genio proprio di ogni religione sia sempre ben compreso.
Si pone allora il problema di saper come conciliare la nostra fede in Cristo come l’unico mediatore e l’apprezzamento dei valori positivi che troviamo nelle altre religioni. In ogni essere umano c’è la luce di Cristo. Di conseguenza tutto il positivo che esiste nelle religioni non è tenebre. Tutto il positivo partecipa della grande luce che risplende su tutte le luci. E qui dobbiamo rileggere la Nostra aetate : « La Chiesa Cattolica nulla rigetta di quanto è vero e santo in queste religioni. Essa considera con sincero rispetto quei modi di agire e di vivere, quei precetti e quelle dottrine che, quantunque in molti punti differiscano da quanto essa stessa crede e propone, tuttavia non raramente riflettono un raggio di quella verità che illumina tutti gli uomini » (n.2).
Si può dire che, dalla fine del concilio Vaticano ii fino ad oggi, i cattolici sono passati dalla tolleranza all’incontro per arrivare al dialogo, che non è tanto dialogo fra le religioni quanto fra credenti. E questo dialogo si svolge secondo quattro modalità : 1) dialogo della vita : relazioni di buon vicinato con i non cristiani che favoriscono la condivisione delle gioie e delle prove, incontri in occasione delle feste religiose degli uni e degli altri ; 2) dialogo delle opere : collaborazione in vista del benessere degli uni e degli altri, specialmente delle persone che vivono in solitudine, malattia o povertà, collaborazione nelle diverse strutture della vita associativa e in occasione delle grandi catastrofi naturali ; 3) dialogo teologico : quando è possibile, che permette agli esperti di ambedue le parti di capire in profondità le rispettive eredità religiose ; 4) dialogo delle spiritualità : che mette a disposizione degli uni e degli altri la ricchezza della loro vita di preghiera.
Il dialogo interreligioso mobilita quindi tutti quanti sono in cammino verso Dio o verso l’Assoluto. Tutti i credenti e i ricercatori di Dio hanno la stessa dignità. Per un cattolico, dialogare con gli altri credenti è, prima di tutto, un’esperienza spirituale e, in questo, una grazia. È un’attività prettamente religiosa, animata non solamente dalla conoscenza intellettuale o dall’amicizia, ma anche dalla preghiera. Mi porta ad approfondire la mia fede e a testimoniarla : non devo mai nascondere la mia specificità. Quando parlo con un musulmano, per esempio, non posso mettere fra parentesi i capisaldi del mio credo, quali la Santissima Trinità e l’Incarnazione. Anche semplici gesti, come portare una croce al collo, o avere un rosario in mano, sono gesti che mostrano l’attaccamento alla propria fede. Il dialogo interreligioso suppone da parte mia la sincerità e anche l’umiltà, che porta a riconoscere gli errori del passato e del presente. Non si tratta di sopprimere le differenze, ma di guardarle come mezzi per creare una comprensione e un arricchimento vicendevoli.
Quale servizio il dialogo interreligioso può rendere alla società ? È un fatto che i cittadini membri di una religione sono la maggioranza nelle società occidentali. Per il loro numero, la durata delle loro tradizioni, la visibilità delle loro istituzioni e dei loro riti, i credenti sono credenti e visibili. Li si può apprezzare o combattere, ma non lasciano mai indifferenti. Del resto, i responsabili delle società, pur mantenendo il principio della separazione delle Chiese dallo Stato (io preferisco parlare di distinzione) sono costretti a intendersi con le comunità dei credenti, senza confondersi, e a frequentarsi senza opporsi. Le autorità civili devono solo prendere atto del fatto religioso, garantire il rispetto effettivo della libertà di coscienza e di religione, e intervenire solo nel caso in cui l’esercizio di tale libertà nuoccia alla libertà dei non credenti o perturbi l’ordine o la sanità pubblica. Ma, più positivamente, direi che è nell’interesse dei responsabili delle società di favorire il dialogo interreligioso e di attingere, nel patrimonio spirituale e morale delle religioni, tanti valori suscettibili di contribuire all’armonia degli spiriti, all’incontro delle culture e al consolidamento del bene comune. Di fatto, tutte le religioni, attraverso mezzi variegati, spronano i propri fedeli a collaborare dove vivono, con tutti quelli che si sforzano di assicurare il rispetto della dignità della persona umana e dei suoi diritti fondamentali, di sviluppare il senso della fraternità e della solidarietà, di farsi ispirare dal savoir faire delle comunità dei credenti che, almeno una volta alla settimana, radunano milioni di persone, le più diverse, in un’autentica comunione spirituale, e di aiutare gli uomini e le donne di questo tempo a non essere schiavi delle mode, del consumismo e del profitto. I credenti sono quindi chiamati a contribuire concretamente al bene comune, a un’autentica solidarietà, al superamento delle crisi, al dialogo interculturale : devono partecipare al dialogo pubblico nelle società di cui sono membri.
Dovevo rispondere a una domanda. Il dialogo interreligioso è una grazia o un rischio ? La mia risposta non è molto originale. Rispondo : le due cose. Un rischio c’è. Quello del sincretismo. Ma direi che potrebbe essere relativo se, come dicevo prima, ogni credente che dialoga esercitasse la sua ragione e, alla luce di essa, fosse spinto ad approfondire la propria fede per renderne conto. Detto questo, c’è un altro rischio, di un’altra natura : quando chiedo a un buddista o a un musulmano : dimmi qual è la tua fede e come la vivi, mi espongo al rischio che, un domani, egli rivolga a me la stessa domanda. Allora il dialogo interreligioso, come dicevo prima, in un certo senso è una grazia, perché mi mette in un continuo stato di vigilanza spirituale ; mi spinge a essere coerente e testimone. Nella parola « dialogo » il prefisso dia, che significa attraverso, indica bene che dialogare è consentire a che un’altra parola attraversi la mia parola, e così gli uni gli altri possiamo scoprire non solamente le nostre ricchezze spirituali, ma anche eventuali radici comuni.