Ce qui est maintenant internationalement admis d’appeler « La révolution de Jasmin » a soulevé une immense espérance en Tunisie et a provoqué une onde de choc dans les pays arabes. Ce pays, où tout était muselé pendant des décennies connait aujourd’hui une vitalité et une profusion d’énergies inégalées, libérant une parole d’une extraordinaire richesse, faisant surgir des gestes de solidarité et de fraternité insoupçonnables. Mais il y a aussi ces moments de grande inquiétude avec des actes de violences qui ne peuvent pas être imputés à ceux-là même qui, malgré leur jeunesse, font preuve d’une grande maturité. Il y a encore, ces moments de grande peine après l’assassinat- qui s’avèrerait crapuleux- d’un prêtre polonais Marek Rybinski dans la banlieue de Tunis. Une semaine plus tôt il y avait eu cette provocation inédite devant la synagogue de Tunis par un groupe d’individus menaçant la communauté juive. Ces évènements pourraient être source d’inquiétudes légitimes pour les minorités vivant en Tunisie. En fait ils ont été l’occasion d’abord de nombreux témoignages de solidarité, de sympathie, comme ces fleurs déposées à la porte de la Cathédrale, comme ces jeunes tunisiens venus en ce même lieu dimanche 20, avec des fleurs, les larmes aux yeux… « Nous ne l’avons pas tué, disaient-ils, ce n’est pas la Tunisie… Pardonnez-nous ! » . Ils ont aussi été l’occasion, le samedi 19 , lors d’une manifestation organisée dans la principale avenue de Tunis, de pancartes émouvantes, portées par des jeunes tunisiens et tunisiennes avec des textes comme : »Marek Rybinski pardon », ou « Juifs, chrétiens musulmans, nous sommes tous des Tunisiens » ou avec de jolis graphismes comme ceux reproduit ci-contre. Le rassemblement s’est terminé par une minute de silence devant la cathédrale. Ce visage-là d’un pays musulman qui pourrait ne pas l’aimer ? Cette jeunesse, qui ose affirmer que chacun peut trouver son épanouissement et sa richesse dans le respect des différences, donne une formidable leçon de tolérance. Et si les peuples tout autour de la Méditerranée pouvaient passer ensemble de la peur à l’espérance ?
GRIC Tunis