Sommaire du dossier : Le couple/mariage islamo-chrétien
- Dossier GRIC International : « Mariage islamo-chrétien » – Présentation
- Textes en exergues de pasteurs
- Regards croisés : Point de vue d’un chrétien
- Regards croisés : Point de vue d’un musulman
- Abstracts
- Identité chrétienne dans le mariage dispar
- L’interdiction du mariage de la musulmane avec le non-musulman
- Le couple mixte installé au Maghreb
في المقال المشترك التالي تأملات تنطلق من المآسي الحقيقية التي تعيشها النساء غير المسلمات في الزواج المختلط في المغرب العربي، وما قد يمثله من جهة أخرى هذا النوع من الزواج من نموذج بالنسبة للزواج « العادي » المتطلع إلى التحول والقطيعة مع التقاليد، لتطرح قضايا أعمق تتعلق بحرية العقيدة ووضع المرأة في بلاد الإسلام
Dans l’article ci-après les auteurs, membres du GRIC de Rabat*, engagent une réflexion qui, par-delà les drames indéniables que vivent les femmes non-musulmanes au sein des couples mixtes installés au Maghreb, et par-delà aussi l’exemple que pourrait représenter le couple mixte pour une mutation au sein du couple « ordinaire », soulève des questions plus fondamentales qui concernent la liberté de conscience et le statut des femmes en terre d’islam.
Le couple mixte installé au Maghreb
Par Anne Balenghien, Mohammed Benjelloun-Touimi, Sabine Kilito, Anne-Marie Teeuwissen
Cet article est extrait de l’ouvrage collectif du GRIC Identités en devenir à paraître aux Editions L’Harmattan fin 2003
La situation des ‘couples mixtes’ vivant au Maghreb fonctionne comme un révélateur de quelque chose d’essentiel qui nous concerne tous et nous interroge en tant que croyants. L’éclairage via les couples mixtes est signifiant et révélateur à un double titre :
a) comme lieu privilégié d’échanges, de respect de la différence et, partiellement, comme exemple pour une mutation au sein du couple ‘ordinaire’ ;
b) comme lieu de conflits, révélateurs de tensions contenues, d’aigreurs enfouies, de drames en perspective.
Parler des couples mixtes1, c’est aussi parler de mécanismes auxquels nous sommes tous confrontés : les couples dits ‘mixtes’ et les couples ‘mutants’2, à savoir les Maghrébins, hommes et femmes, qui sont à la recherche d’un présent enraciné dans leur culture, mais qui cherchent à développer leur modernité.
I. Vécu et situation concrète de chrétiennes épouses de Marocains
Des éléments permanents semblent se dégager de vécus des ‘chrétiennes’ épouses de Marocains et cela au-delà de la diversité des situations. Ces vécus se construisent à partir de diverses composantes (culturelle, religieuse,…) et sont le fruit de la rencontre de pratiques sociétales mais aussi individuelles.
Pour ce premier point, nous partirons de plusieurs outils :
De quelques épisodes de la vie d’un couple mixte qui semblent classiques, inévitables. Pour ce faire, nous partirons d’écrits littéraires axés sur le couple ‘mixte’ installé au Maghreb3 mais aussi de l’ouvrage de Jean Déjeux sur les multiples images qui sont portées par les écrivains maghrébins sur l’étrangère et les unions mixtes4.
Le second outil sera le contenu de la loi, essentiellement, de la Moudawwana, ce Code du Statut Personnel et des Successions qui régit la vie de toute femme épouse d’un Marocain et résidant au Maroc, même si cette femme n’est pas convertie à l’islam. L’histoire de ces couples ne commence pas sur rien le jour de leur rencontre. Chacun porte en lui/elle un bagage déterminé, d’une part, par le milieu particulier d’où il/elle est issu(e) et, d’autre part, par son cheminement personnel par rapport à ces origines elles-mêmes. Dans le cas qui nous intéresse ici, force est de constater que pour nombre de couples dits mixtes installés aujourd’hui au Maghreb, la rencontre s’est faite alors qu’au lendemain des indépendances, arrivait du Maghreb en Europe une génération de jeunes étudiants qui semblaient partager grosso modo les mêmes aspirations ; leur séjour à l’étranger devait leur assurer une formation qu’ils mettraient ensuite au service des jeunes Etats ‘en voie de développement’. Nos commentaires s’appuient sur l’observation d’une population relativement particulière, très différente par exemple de la population des émigrés qui, elle, est habitée par une autre préoccupation essentielle, celle de sa survie au quotidien, et qui, très souvent, contractera mariage dans son pays, voire dans sa localité d’origine.
Qui sont les jeunes femmes rencontrées ? Sans vouloir établir un ‘profil type’applicable de manière schématique, il faut reconnaître qu’il s’agit souvent de personnes qui – pour des raisons personnelles qui peuvent sembler a priori très diverses, et bien que rarement conscientes – sont prêtes à prendre de la distance par rapport à leur milieu d’origine, à ‘faire le pas’, à tenter l’aventure avec un conjoint autre. Le projet de vie en commun se construit par rapport à des données objectives concrètes, mais aussi à partir de la rencontre de deux imaginaires, de la projection dans un avenir dorénavant partagé avec un autre. Cela est vrai de tout mariage, mais le sens que revêtent les mots prend ici une dimension particulière. Il s’agit aussi, de part et d’autre, d’une génération fortement marquée par les différents mouvements idéologiques qui traversent ces années ; c’est loin d’être le cas pour les filles et les fils de la deuxième ou troisième génération de l’immigration, pour qui la question de la nationalité et de l’intégration se posent en termes absolument différents. La crise généralisée en Europe ne permet plus les mêmes élans d’optimisme, la jeunesse peut être tentée par un repli sur un projet de réussite individuelle et les rencontres qui se font naturellement, malgré tout, entre personnes d’origines différentes ont lieu dans des circonstances qui ne relèvent pas de la présente analyse. Pour ces jeunes femmes, le choix du conjoint s’est fait parfois comme une affirmation de soi – ou même en contradiction par rapport au milieu et aux valeurs que symbolisent la génération des parents. Pour les un(e)s et les autres, dorénavant, le quotidien mais aussi l’imaginaire dans lequel le couple se projette doit nécessairement prendre l’autre en compte, pour constituer un entre-deux. « La vie dans cet espace se caractérise par un paradoxe : l’autre est comme moi tout en étant différent, je suis comme l’autre tout en étant différent… L’influence de l’autre, du différent, subie dans l’entre-deux modifie la propre identité, on est comme ‘traversé’ par l’autre et on ne peut rester ‘intact’ »5. Selon que le couple sera installé sur la rive nord ou sud de la Méditerranée, c’est pour l’un ou l’autre des conjoints que le vécu se révélera le plus difficile à porter, l’entre-deux idéal imaginé par le couple qui rêvait de prendre le meilleur des deux cultures se heurtant à la lourdeur du milieu ambiant, au poids bien réel des valeurs dominantes. « La désillusion, le manque de reconnaissance, d’appartenance, de lien, d’enracinement, qui accompagnent l’entre-deux, sont difficiles à vivre ». « Non seulement celui qui quitte ’physiquement’ son pays doit se détacher, mais l’autre aussi doit quitter son ’chez lui’, ses anciennes certitudes, un ancrage trop sûr dans la tradition, les dogmes, le milieu familial. L’entre-deux s’avère ainsi un lieu à haut risque, il implique une inquiétude profonde motivée par la question incontournable : “ Qui suis-je ? ” »6.
« Il est des scènes anodines qui vous marquent d’une empreinte indélébile plus sûrement qu’un sceau » (Mireille/Yasmina). Elles seront le lieu des premiers conflits, des premiers silences aussi au sein du couple et de la société, enfin, des premiers vertiges : pour l’Européenne, mais aussi pour le Marocain, lorsqu’il prend conscience, souvent étonnamment tard, du poids de la société, du poids du groupe familial, le plus souvent lorsque les enfants paraissent. L’Européenne – et la chrétienne – fera lentement, très lentement, une triple découverte : la découverte de la réalité du patriarcat, mais aussi celle du fait que les enfants seront soumis à la loi musulmane et, enfin, celle du fait qu’elle-même, femme même restée non musulmane, est concernée par la Moudawwana. Pourquoi lentement ? Non seulement parce que la réalité reste, pour l’Européenne, de l’ordre du difficile à imaginer, parce qu’on pense que le couple peut se négocier des règles qui pourront être autonomes par rapport à celles de la société, mais aussi parce que cette réalité est refoulée…. non seulement au sein de pans entiers de la société marocaine mais aussi au sein même du couple, pour la survie de ce couple. Un autre élément non-négligeable dans cette analyse est la maniabilité de l’étranger, en particulier de l’étranger en situation de vulnérabilité juridique : le ‘syndrome du dhimmi’7, voire la maniabilité du dhimmi (juif ou chrétien)8.
Les femmes ‘venues d’ailleurs’ se retrouvent prises au piège du mécanisme complice de ce trio qui devient pour elles infernal :
le cadre et le statut juridiques des femmes, musulmanes et non-musulmanes au Maghreb ;
les pratiques sociales et culturelles encore en vigueur ;
les non-dits.
Côté loi, nous nous limiterons à quelques extraits de la Moudawwana :
La femme européenne, non-musulmane, mariée à un Marocain, sera interdite d’héritage parce que non-musulmane. En effet, nous dit l’article 228 de la Moudawwana, il n’y a pas de vocation successorale « entre un musulman et un non-musulman » même s’il s’agit d’époux. Dans le même article, deux autres cas excluent aussi la vocation successorale, dont celui de « l’enfant issu de relations illicites et son père ». Bel amalgame. Le sort de la musulmane, sans être brillant, sera quand même un peu moins radical.
Plus profondément que les questions d’héritage, la femme, même non convertie à l’islam, deviendra la mère d’enfants qui seront automatiquement considérés, au regard de la loi et de la société marocaines, comme musulmans.
Au-delà des pressions, directes ou non formulées, et des fameux non-dits, les articles de la loi nous rappellent, conformément aux messages qui nous sont régulièrement envoyés, que « la filiation légitime est celle par laquelle l’enfant accède à la parenté de son père et suit la religion de ce dernier » (art. 83). « Lorsque la gardienne a une religion différente de celle du père de l’enfant qui lui a été confié et qu’elle est en même temps la mère de l’enfant, elle exerce pleinement son droit de garde, à condition qu’elle ne profite pas de l’exercice de ce droit pour élever l’enfant dans une religion autre que celle de son père ». (art. 108) et, à condition qu’elle fixe sa résidence dans la ville où le père ou le tuteur est installé (selon qu’il s’agit d’un divorce ou d’un veuvage) (art. 107).
La femme non-musulmane, épouse de Marocain, subit, en fait, une double ‘ impureté’ : celle liée au fait d’être femme (et cela concerne aussi toutes les Marocaines) et celle liée au fait d’être non-musulmane. Une situation qui ne peut engendrer que souffrances, angoisses et sentiment d’exclusion.
Voici quelques épisodes incontournables, côté roman / côté vie.
Autour du lien patrimonial, tout d’abord. Mireille, dans le roman de Fadela Sebti, dira : “ Je compris très vite que ma participation dans la naissance du fils n’avait pas été retenue. Seul comptait le lien patrimonial. Je n’avais été que la gestatrice, impersonnelle, négligeable ”. “ Il me revint en mémoire ma surprise la première fois que je vis notre livret de famille. Moi, mère, je n’apparaissais que dans les pages réservées aux enfants. Là on pouvait lire : prénom de l’enfant, prénom de la mère de l’enfant (moi-même). Et pour chaque enfant enregistré dans le livret du père, il fallait mentionner le prénom de la mère, preuve que de ce côté il était prévu que le lien génétique pouvait être fluctuant. ” Ces pratiques ‘administratives’ témoignent incontestablement de cette double prédominance : celle de la parenté par les mâles (lignée agnatique), de la primauté de la souche masculine ; mais aussi celle de la famille-filiation sur la réalité du couple.
Ensuite, épisodes autour des rites familiaux, de la vie de la famille et des enfants, quand les identités se réveilleront, que le groupe fera pression, fera bloc, que le mari aura peur de vivre ‘marginal’ et différent au sein de son groupe : négociation interminable sur le ‘choix’ du prénom. Or “ donner un prénom, c’est anticiper tout un projet pour l’enfant qui va le porter ” (Azouz Begag). Combat solitaire autour de la circoncision. Mais aussi, Aïds partagés et fêtes chrétiennes oubliées ou vécues seule pour la femme. Effet des différents interdits au sein de la société, interdits implicites, à ne pas enfreindre, messages directs ou indirects, régulièrement envoyés au couple, y compris de la part de la famille et des amis, mécanismes très bien décrits dans le roman de Albert Memmi. Une distance vertigineuse par rapport aux positions ‘modernes’ souvent annoncées au départ par le conjoint sur ces questions. Une accumulation de ‘douces violences’9 qui devront rester dans l’ordre du refoulé. Des modifications très radicales de l’image de soi qui sont demandées à l’étrangère.
Par ailleurs, il y a l’épisode autour de l’incitation à la conversion. Fadela Sebti explicitera crûment cette réalité. Nadir (le mari de Mireille) dira : « Tu sais, c’est peut être plus simple que tu te convertisses à l’islam. Je ne sais pas comment sera ce petit, moitié Marocain moitié Français, moitié musulman moitié catholique. Parce qu’enfin, nous avons choisi de vivre au Maroc, nous devons donc être conséquents avec nous-mêmes. Nous n’allons pas faire un marginal de notre enfant. » Sur la forme, ce discours paraît un peu caricaturé. Mais, sur le fond, il correspond à la réalité : quand ce discours ne provient pas du conjoint, c’est la famille ou la société qui prend le relais pour déclencher la machine de la culpabilisation, du côté de l’homme et du côté de la femme, et inciter la femme à la conversion, y compris dans certains commissariats de police lors des demandes de naturalisation. Il reste si peu de marge de manœuvre. Souffrances enfouies, interdiction de dire, impossibilité d’innover.
Ce devoir d’obéissance à la loi sociale, cette pression ne concernent pas seulement les couples mixtes, mais tous les couples marocains. Les mécanismes en sont en partie identiques et en partie différents. La lourde réalité des valeurs patriarcales, les pressions du groupe sur l’individu et le contenu du droit sont vécues aussi comme des contraintes par des amies marocaines. Même poids ? Même réalité ? Peut être… Mais avec des nuances de taille.
Tout d’abord, Mireille a grandi dans d’autres rites. Pour de nombreux Marocains, les contraintes dont nous avons parlé ont été intériorisées depuis l’enfance, et se vivront de façon relativement naturelle, voire avec conviction.
Et puis, Mireille n’est pas musulmane. Pourtant, combien d’épouses de Marocains, se sentant juridiquement menacées, se sont converties, pour la forme dira-t-on ? Laissons alors Mireille/Yasmina parler : “ C’est une simple formalité, voyons ” m’avait-il assuré, pour faire taire mes scrupules. “ En toi-même, tu pourras bien continuer à croire en qui tu voudras”. “ Je ressentis tout à coup que ce qui devait être au départ une formalité prenait l’allure d’engagement total. Je n’écoutais plus. J’avais subitement le sentiment d’avoir été dupée. J’avais consenti à cette mascarade par commodité, parce que Nadir m’avait dit que, s’il mourrait alors que nos enfants étaient mineurs, je n’aurais aucun droit de garde sur eux si je n’étais pas musulmane”. “ Je sentis soudain un vide immense en moi. Moi qui me croyais athée, je venais d’abjurer mon Dieu chrétien en qui je pensais ne plus croire pour me rallier à un Dieu inconnu. J’eus le sentiment profond, prémonitoire, de commettre l’irréparable. Plus que pendant toutes ces années durant lesquelles je m’étais tant appliquée à me conformer à des coutumes si étrangères aux miennes, je venais, en quelques minutes, de renoncer à mon identité. J’étais devenue une autre.” (Paroles de Fadela Sebti).
Ce n’est que poussée dans ses derniers retranchements que Mireille a soudain pris conscience de son attachement à la religion dans laquelle elle a été élevée. Cette prise de conscience n’est pas le résultat de sa volonté ; bien au contraire, après des années sans souci réel des choses de la religion, elle est soudain confrontée à la place essentielle de cet enracinement pour son identité, son être profond. Parallèlement, ils sont nombreux, ces Maghrébins qui ont quitté leur pays après des années d’indifférence plus ou moins affichée par rapport aux rituels pourtant omniprésents dans la vie quotidienne et qui, une fois projetés dans l’ailleurs, se révèlent tout d’un coup les plus fervents défenseurs du rite, refusant tout compromis avec l’Occident. Réaction qui n’a rien d’extraordinaire ; à force de se sentir continuellement agressés dans leur identité autre, voire méprisés, à force d’être confrontés à des échelles de valeurs et à des comportements si éloignés des leurs, ils ont trouvé refuge dans cette affirmation de leur différence sur le mode religieux.
Reflet de ces tensions exacerbées dans le cas d’une mixité où s’imbriquent réalités culturelles et religieuses, la production littéraire maghrébine sur la mixité reste dominée par une position de rejet du couple mixte qui va de positions racistes, comme celle d’Allal El Fassi10, à des positions de sympathie mesurées car conscientes de l’intensité des menaces et des risques d’impasse11 (voir J. Déjeux).
II. Cet état de fait reste dans l’inavoué, comme si nous étions en face d’un tabou. Quels sont les enjeux de ces non-dits ? “ Nous sommes deux, lui et moi, je dirais… enfin ! Et si nous faisions une ballade en tandem !…Je parle de cette bicyclette à deux sièges et deux paires de pédales, normalement placés l’un derrière l’autre. Je pédale, il pédale. Avec légèreté et motivation Pourtant, brutalement, je suis face à un constat : à savoir, la particularité de mon tandem, car je découvre que les sièges ne sont pas placés normalement, l’un derrière l’autre, elle derrière lui ou lui derrière elle.
Les deux sièges du tandem sur lequel je pédale avec légèreté, les deux sièges se tournent le dos. Nous pédalions, avec motivation, avec légèreté,… mais dos à dos, sans le savoir ”.
Ce rêve, d’une Européenne, épouse de Marocain en pleine dépression, trouve son sens au cœur de différents éléments : les épisodes refoulés de la vie, les interdits, mais aussi le symbolique qui nous entoure et les non-dits. Elle fera ce rêve plus de 10 ans après son arrivée et … après la naissance de ses enfants.
Au niveau religieux, le constat peut être résumé de la façon suivante : la situation des ‘chrétiennes’ épouses de Marocains, vivant au Maroc, n’est même pas vraiment celle d’une dhimmi. La femme ‘chrétienne’mariée à un marocain musulman est devenue, nous l’avons vu plus haut, la ‘matrice’d’enfants automatiquement considérés, au regard de la loi et de la société marocaines, comme musulmans. Elle sera invitée à assumer son devoir de ‘transparence’(!) au sein du foyer et à vivre son identité ou sa culture chrétienne, au mieux discrètement et sans impliquer ses enfants. Comme si elle était implicitement supposée être personnellement liée par le cadre de la Moudawwana même sans qu’elle se soit convertie à l’islam. Toujours au niveau religieux, la non-musulmane est confrontée à des recherches d’entre-deux quasi inenvisageables, au sein de sa propre cellule familiale. Cette recherche d’un entre-deux est d’ailleurs considérée comme impensable. Cet interdit reste le plus souvent inavouable au sein du couple, de la famille vivant au Maroc, voire du milieu social. Comme si la femme était supposée adhérer, de façon évidente, à ce cadre, social ou législatif, de la Moudawwana, alors même qu’elle n’a pas franchi ce pas que constitue la conversion, même formelle. L’incitation permanente à la conversion du côté marocain, pour la forme dira-t-on, est perçue comme la solution aux problèmes. Cette violence profonde, même inconsciente, est exercée sur la femme, chrétienne en particulier, qu’elle soit chrétienne de foi ou chrétienne ‘sociologique’, cela à travers la loi de l’autre, la Moudawwana. L’ampleur de la violence est d’autant plus profonde que l’on atteint à ce qui constitue l’être même, à son caractère spirituel. Or, c’est sur le religieux, omniprésent dans les sociétés maghrébines, que se greffent des recherches tâtonnantes au sein du couple et de la famille, recherche d’‘ouvertures’ très contrôlées, voire ambiguës ; recherche d’un entre-deux culturel au quotidien et en société.
Comment questionner et analyser ces non-dits ? Car le plus déstabilisant n’est pas d’abord la nature et l’intensité des pressions mais surtout le fait que, pour diverses raisons, il soit impossible, pour les uns comme pour les autres, d’être autorisés à parler de ces ‘douces violences’ et à les reconnaître. Comme s’il s’agissait ou, peut être, parce qu’il s’agit de tabous. De multiples raisons expliquent pourquoi il est difficile de reconnaître les effets d’une telle situation et pourquoi il est si difficile d’en parler sereinement12.
Pourquoi parler de cela ?
Parce que ce qui est en jeu dans tous ces épisodes-limites concerne aussi les couples maghrébins ‘mutants’, à savoir la place de l’individu dans le groupe et l’émergence, possible ou non, de l’individu, comme créateur au sein du groupe, qu’il s’agisse d’hommes ou de femmes. Une émergence qui peut être combattue, niée, opposée à l’équilibre du groupe. Ou une émergence qui peut apparaître, dans sa diversité, comme source de richesse, de semence pour la communauté. Le couple mixte ne fait que mettre en évidence l’enjeu de certaines valeurs dominantes que le couple ‘mutant’ cherche à métamorphoser. En effet, comment construire aujourd’hui une relation saine entre deux partenaires alors que le cadre imposé, incontournable, introduit dès le départ un déséquilibre ? – Parce qu’il nous semble aussi que cette question ne peut être mise de côté dans le cadre d’une démarche de recherche islamo-chrétienne.
Quels sont les enjeux ? Pour répondre à cette question, il faudrait :
1. Tout d’abord pouvoir dissocier dans la réalité ce qui est fondement culturel, sociologique ou anthropologique, dans ce qui est présenté sous le couvert du religieux13. Le mufti de Marseille (M. Bencheikh) dira : “ Je préfère être musulman en France que dans un pays musulman… car ma religion, ici, n’est pas l’objet d’une manipulation politique ou d’une pression sociale ”14.
Sur quelles sources s’appuient les points de la Moudawwana qui posent problème : fondement coranique et hadiths ou…. simple tradition spécifique, malékite par exemple15 ? Feu Sa Majesté Hassan II prit la parole en ces termes, le 29 septembre 1992 : “ Il est inconcevable que dans la pratique nous allions à l’encontre des préceptes de l’islam, des hadiths et de la conduite quotidienne du Prophète qui a dit : “ Les femmes sont égales aux hommes devant les lois ”. Dans le Saint Coran, il est dit : “ Elles sont un vêtement pour vous et vous êtes, pour elles, un vêtement ”. Les travaux anthropologiques, du type de ceux assurés par G. Tillion16, permettent de décrypter les affirmations telle que celle du Cheikh Abbas : « Dans l’islam, l’autorité parentale et le droit de garde d’un enfant reviennent en priorité au père ». En effet, ces travaux ont permis de dégager que, quelle que soit la tradition religieuse (judéo-chrétienne – il suffit de lire les écrits de l’apôtre Paul – ou musulmane), les fondements de la famille méditerranéenne sont les suivants : la filiation est en ligne exclusivement masculine, le pouvoir est entièrement dévolu au père, le mariage est endogamique, c’est-à-dire que seule la femme issue du groupe est accueillie comme future conjointe, la famille doit protéger la vertu des femmes (d’où les voiles), et la priorité est donnée aux fils en matière d’héritage.
2. Ensuite, pouvoir dissocier ce qui a un fondement historique et/ou politique, et repérer aussi les réalités de dominations refoulées. Nos réalités de couples mixtes se vivent dans un contexte historique précis. Les circonstances historiques et l’évolution politique en Tunisie ont débouché sur une situation juridique très différente de la Moudawwana marocaine17. Ces différents contextes historiques spécifiques véhiculent des sentiments parfois contradictoires et ambigus : – Par rapport à l’Occident dominant, qui suscite peur et ressentiment18. D’où le sentiment de culpabilité que peut traîner le conjoint par rapport à son groupe, un sentiment qui est fortement renforcé au cours des périodes à fort nationalisme comme le démontre le contenu des écrits littéraires de cette période19. D’où aussi le devoir qu’ont les Européennes de ne pas se plaindre, du fait qu’elles sont perçues, a priori, comme des privilégiées. A propos de la circoncision de leur fils, du mariage religieux pour le couple et des tentatives familiales à encourager la conversion de sa femme, A. Memmi dira : “ J’ai certainement encouragé leur hésitante et amère audace. J’étais paralysé de mauvaise conscience à leur égard ”.
Par rapport à l’ambiguïté et à l’entre-deux culturel du conjoint, très bien mis en évidence dans Agar. “ Elle avait raison. Et ce qui me faisait peur, comme d’une étrangeté, c’est que, je le découvrais, je n’avais rien résolu. J’avais seulement rapproché, menaçantes, l’une en face de l’autre, les deux parties hétérogènes de moi-même ” … “ Je restai longtemps à me demander si je n’étais pas de ceux qui, toute leur vie, seraient condamnés à hésiter au bord de l’abîme ”… “ J’en voulais à ma femme de me révéler et d’incarner mes impossibilités ”20…
Par rapport à la tentation du repli identitaire, dont la mouvance islamiste. Un des exemples qui reste dans notre sujet est la pratique récente (années 1980 ?) qui semble s’imposer autour de la naturalisation pour les épouses de Marocains. L’arabisation du prénom et la conversion sont devenues tacitement exigées (toujours les fameux non-dits), alors que tout d’abord cette exigence est contraire à la loi (elle constitue donc un abus de pouvoir) et qu’ensuite elle est contraire aux pratiques antérieures21. L’autre exemple est l’ensemble des pressions qui cherchent à convaincre le croyant musulman qu’il aurait le devoir de se dissoudre dans un vaste ensemble flou que serait la ‘communauté des croyants’, voire la communauté ‘arabo-musulmane’ pris comme un tout homogénéisant, idée qui, en particulier dans le contexte marocain (réalité berbère, place des juifs marocains), est combattue par quelques intellectuels musulmans. En fait, le courant traditionaliste cherche à maintenir ancrée l’idée que l’attachement à la communauté doit garder le dessus sur la dimension personnaliste de l’être humain. Les rares avancées réalisées dans ce sens restent le fruit de comportements et de prises de position très minoritaires.
III. Cette réalité nous questionne en tant que croyants. 1. Tout message reçu crée une communauté. Celle-ci est alors modulée dans une identité collective. Il se forme un ‘dedans’ qui se définit en opposition au ‘dehors’. Le sentiment d’appartenance à la communauté repose dès lors très fortement sur les distances prises avec ceux qui restent en dehors, individuellement ou collectivement. Le christianisme à ses débuts, tout comme l’islam alors que la communauté est en train de se constituer, ont été marqués par cette notion. Dès qu’une religion se structure, apparaissent les notions de pureté et d’impureté. Les textes mettent en garde contre la fréquentation des autres, ceux ‘du dehors’22. Mais au fil des siècles, seul le travail des théologiens, qui se voient confrontés à des transformations radicales des systèmes de pensées, a permis de sortir de ce mécanisme. “ La raison devient le principe du savoir rationnel ; la foi n’est qu’un point de vue d’un savoir auto-référentiel, pas un savoir critique. Une conviction religieuse peut être respectée et même protégée en vertu du principe de la liberté d’opinion, mais elle sera considérée de plus en plus comme appartenant au domaine privé 23”. N’y aurait-il pas aujourd’hui place en islam pour une approche théologique qui examine les textes à la lumière des acquis des sciences humaines 24 ?
Ce souci du maintien de la cohésion de la communauté existe historiquement dans les trois religions dites du Livre. Il nous a semblé utile de nous interroger en tant que croyants sur la situation de minoritaire dans un contexte majoritairement musulman que nous vivons.
2. Le mariage mixte perturbe forcément la communauté, dont la famille est la cellule constitutive. Cette cellule sur laquelle repose toute la structure de la société a été dès le départ, dans l’espace qui a vu naître les trois religions monothéistes, de type patriarcal. La forme que nous connaissons dans le cadre de l’Occident chrétien est issue du droit romain25, antérieur dans son concept essentiel au christianisme26. La patriarcalité a marqué la famille dans un grand espace du monde, et ces éléments en sont à peu près partout les mêmes. Les anthropologues et les sociologues ont décrypté la situation ; les juristes savent aussi en rendre compte. La patriarcalité a été battue en brèche au fur et à mesure que s’élaborait la formulation du mariage chrétien. Des pans de patriarcalité ont subsisté, maintenant en place pendant des siècles un système clos, dont la chrétienté est graduellement sortie. Cependant en islam, le pouvoir de type patriarcal a été reconduit sur la famille musulmane dans le Coran ; les éléments de la famille patriarcale ont été ainsi sacralisés. On pourrait les penser relevant obligatoirement et uniquement de la religion musulmane, alors qu’ils sont empruntés non seulement aux romains dans leur formulation savante, c’est-à-dire de droit écrit, mais aussi aux polythéistes arabes27.
3. Etre croyant ne suppose-t-il pas la liberté de l’individu ? Le mariage avec les femmes du Livre est déclaré licite dans le Coran. Dans la pratique et en partant des cadres juridiques existants, la femme est pénalisée si elle garde sa religion, comme si cette autorisation du mariage n’était qu’un moyen détourné pour imposer l’islam à la partenaire. La situation inverse imposera de façon plus explicite la conversion du futur mari non musulman avec une femme musulmane28. “ On donne d’une main ce qu’on imposera de l’autre ”.
La femme chrétienne se retrouve en situation de captive. Comment donc ? Par ignorance de la loi qui s’appliquera à elle-même et à ses enfants, par ignorance de la réalité du poids des traditions, ou par refus d’accepter avec lucidité les contraintes que lui imposeront la religion de celui avec lequel elle a librement choisi de partager sa vie ? Ce statut de captive dans lequel est tenue l’autre ne fait que souligner l’anachronisme du statut dans lequel sont maintenues toutes les femmes musulmanes.
Le cadre juridique discrétionnaire vient structurer l’encouragement à la conversion et les discours véhiculés par cette idéologie déclarent que cette conversion constitue un acte banal29. Dans de nombreux cas, pour les hommes qui se convertissent à l’islam dans le but de se marier avec une musulmane, il s’agit essentiellement d’une formalité – incontournable, certes – mais qui ne constitue que rarement un acte de foi : sans la rencontre avec celle qui deviendra l’épouse, la conversion n’aurait pas lieu d’être. En ce qui concerne les femmes, la conversion est présentée comme l’issue à ce qui peut être vécu comme une impasse juridique. Par ailleurs, le fait que dans la pratique quotidienne les femmes en tant que groupe ne partagent pas le rituel avec le groupe des hommes, mais le vivent seule ou entre femmes dans certaines occasions, renforce ce sentiment diffus qu’une femme, une fois convertie, peut revendiquer l’appartenance à la communauté musulmane lorsque c’est à son avantage, sans que cela entraîne nécessairement pour autant une pratique régulière ; pour le milieu environnant, celle-ci serait bien évidemment souhaitable, mais non indispensable.
Les conversions de convenance mettent en lumière la faille d’une société dans laquelle il semble possible d’affirmer que, de façon dominante, aujourd’hui, c’est le paraître qui est plus important que l’être. L’essentiel est de faire comme si…. et cela touche aussi bien les mécanismes de sauvegarde des apparences qui existent à travers les aspects juridiques du couple ‘mixte’, que les contraintes qui pèsent sur les couples ‘mutants’ ou sur les individus, souvent amenés à intérioriser de lourds interdits. Cela nous renvoie aussi aux énergies uniformisantes des sociétés maghrébines qui interdisent toute forme d’expression d’athéisme et rejettent violemment ceux qui oseraient envisager pour eux-mêmes une conversion de l’islam vers une autre religion. Comment alors gérer les exigences, plus souvent politiques ou identitaires, d’une préservation d’un islam sociologique, où le quantitatif gère les ‘convictions’ et les pratiques au détriment d’une approche plus qualitative, d’adhésion personnelle, qui seule constitue l’acte fondateur du véritable croyant ?
L’appartenance à la communauté peut-elle donc se résumer à une simple filiation ?
La conversion est-elle vraiment cet acte banal présenté comme solution aux problèmes rencontrés ?
Pour les chrétiens, le baptême, acte d’adhésion librement consenti, est un sacrement. Le débat qu’il suscite reste bien vivant aujourd’hui encore dans certaines églises30. Sans entrer dans les interrogations historiques ou théologiques sur diverses pratiques au cours des siècles31, notons cependant que cette problématique du baptême se situe dans le contexte des différentes approches de la théologie chrétienne de l’alliance. Le signe de l’alliance abrahamique est, on le sait, la circoncision. Les juifs la pratiquent à travers les siècles selon les prescriptions de la Genèse (Gen.17, 9-14). Depuis l’apôtre Paul, pour les chrétiens, “ c’est dans le Christ que vous avez été circoncis ” (Col. 2.11). Un hadith dit : “ Tout enfant naît avec une nature humaine innée, jusqu’à ce que s’affine son langage. Ce sont alors ses parents qui le judaïsent, ou le christianisent, ou le paganisent ”. Cela renvoie aussi à la question du devenir spirituel des enfants de couples bi-religieux. Face à un espace de recherche très étroit, face aux conflits qu’ils ne peuvent que ressentir, faute de cadres pour vivre positivement cette double filiation, les enfants, tout juste regardés par la communauté musulmane comme des musulmans sociologiques, ne se situent souvent même pas comme musulmans convaincus, ayant une démarche spirituelle. Face aux conflits, la solution n’est-elle pas souvent de déboucher sur rien, sur un malaise, ou sur de simples pratiques ? Alors qu’au contraire “ des familles avec disparité de culte peuvent, elles aussi contribuer “ à la juste construction du monde ”. Les enfants partageront les expériences religieuses de leurs parents, ils sauront qu’il y a une dimension spirituelle du monde, idée partagée par les musulmans et les chrétiens. Ils sauront qu’il y a une “ Cité de Dieu ”32.
Le couple inter-religieux pose une double question de fond :
Quelle place existe-t-il pour une démarche individuelle en terre d’islam ? La liberté de conscience n’est-elle pas un préalable nécessaire pour une démarche de Foi ?
Dans le contexte de la Moudawwana, la filiation se fait exclusivement par le père. L’appartenance religieuse n’est-elle qu’affaire de filiation ?
La situation de la femme, chrétienne, mariée à un musulman constitue un véritable ‘scandale’ non seulement au regard des droits de la personne mais aussi à notre regard de croyant. Cette situation interpelle aussi bien les couples bi-religieux que les couples mono-religieux, les couples dits ‘mixtes’que les ‘mutants’.
IV. Existe-t-il d’éventuelles brèches à ouvrir ?
L’écrivain syrien musulman Mohammed Chahrour33 introduit une distinction essentielle entre les sens respectifs à donner aux termes muslim, d’une part, et mu’min, de l’autre. Les musulmans partagent pour lui l’islam commun aux prophètes “ sans discrimination entre eux ”. Il s’agit d’une version non-altérée du monothéisme, autrement dit de l’alliance abrahamique. Les mu’minin (lit. : qui ont la foi / croyants) partagent, quant à eux, la foi en la prophétie de Mohammed (sceau des prophètes), qui, elle, entraîne certaines obligations. Les musulmans (les gens du Livre) selon cette acceptation partagent les mêmes droits, mais non pas les devoirs imposés par le Prophète Mohammed. Le statut de dhimmi serait donc, dans cette lecture, une dérive du droit. Serions-nous là sur la piste d’une éventuelle brèche à ouvrir ?
Ne serait-il pas temps de mettre fin à la confusion entre islam et chari`a ? Cette confusion a été maintenue pour des raisons sociales et politiques, car c’était souvent à un moment donné de l’histoire la seule manière de contrer la volonté du despote : lui opposer la volonté divine, une lecture possible du Livre. Mais il s’agissait toujours de circonstances politiques, historiques, bien particulières, qui ne justifient pas que cette lecture soit encore aujourd’hui appliquée. Le Coran lui-même donne les raisons circonstancielles qui expliquent telle ou telle décision du prophète.
Conclusion
Il ne s’agit donc pas ici de se cantonner dans l’analyse d’une situation particulière qui pourrait sembler ne concerner que quelques-uns ou quelques unes. Il s’agit plutôt, au travers de ce prisme révélateur du couple mixte d’attirer l’attention sur ce que le statut actuel des femmes en islam peut avoir d’intolérable au regard d’une conscience fonctionnant par rapport à des valeurs d’adhésion personnelle à un credo librement choisi.
Il ne s’agit pas non plus de revendiquer une ouverture éventuelle, ou des modifications majeures à long terme au bénéfice d’un petit nombre de femmes qui, de fait, vivent une situation dans laquelle elles sont entrées de leur plein gré – à défaut d’en avoir toujours fait le choix en pleine connaissance de cause.
Il s’agit bien d’apporter une contribution à la réflexion et au combat menés aujourd’hui par celles, musulmanes, qui souhaitent pouvoir exprimer leurs convictions quant à la prise en charge par elles-mêmes de leur destin, sans se trouver en porte-à-faux avec les enseignements de leur religion.
Notes :
1. Certains penseront : « Tous les couples sont mixtes ». Il existerait, en fait, des degrés variables de mixité. Nous verrons dans quelle mesure il est difficile d’adopter l’idée que le vécu des couples ‘inter-culturellement et religieusement mixtes’, installés au Maghreb, se limite au vécu de tous les couples.
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