Déclaration finale de la conférence Comité conjoint pour les Relations avec les Musulmans en Europe du Conseil des Conférences Épiscopales d’Europe (CCEE) et de la Conférence des Églises d’Europe (KEK)
Cette rencontre, organisée par le Comité conjoint pour les Relations avec les Musulmans en Europe du Conseil des Conférences Épiscopales d’Europe (CCEE) et de la Conférence des Églises d’Europe (KEK), avec le soutien financier de l’Union européenne, a réuni, du 20 au 23 octobre 2008, 45 musulmans et chrétiens provenant de 16 pays d’Europe. Elle s’inscrit dans le cadre de l’Année européenne du dialogue interculturel et du 60e anniversaire de la Déclaration des droits de l’homme des Nations Unies.
Comme chrétiens et musulmans, nous nous sommes réunis ici, dans la ville de Malines, en Belgique, afin de discuter sur le thème Être citoyen d’Europe et homme de foi.
À la suite des profondes transformations qu’elle vit actuellement, l’Europe est en train de devenir une société pluraliste, interethnique, interculturelle et interreligieuse. Et cela en partie à cause des migrations, tant à l’intérieur de ses frontières que provenant de l’extérieur.
Certains pays d’Europe ont une religion d’État, d’autres pas. Cependant, tous adoptent en principe une attitude résolument neutre vis-à-vis de la religion. Cette attitude tend à créé une situation dans laquelle toutes les Églises et religions reçoivent le même traitement, jouissent des mêmes droits et sont tenues d’observer les mêmes devoirs et responsabilités. En certains endroits, on observe une tendance à reléguer progressivement la religion dans la sphère privée, ce qui peut aboutir à sa marginalisation du domaine public, et par suite, à la suppression de toute manifestation publique de la foi.
Les Églises, communautés religieuses et communautés idéologiques d’une part, et l’État de l’autre, sont des entités distinctes qui interviennent dans des domaines différents. Néanmoins, dans toute société démocratique, les premières ont le droit et le devoir de guider leurs membres. L’État doit se garder de mettre ses citoyens dans l’obligation de choisir entre leur loyauté à son endroit et leur fidélité à leurs convictions religieuses. L’État est en droit d’exiger de tous ses citoyens un engagement clair et public en faveur de la démocratie et une attitude responsable en vue de leur intégration dans la vie, la culture et les traditions du pays.
Comme chrétiens et musulmans, nous déclarons que nous sommes citoyens et croyants, et non pas citoyens ou croyants. Nous sommes donc appelés à travailler main dans la main avec l’État auquel nous appartenons selon les modalités les plus appropriées, sans devenir pour autant des subalternes du gouvernement. Nous disons cela parce que nous sommes convaincus que les communautés religieuses et l’État doivent construire ensemble le bien commun. Cette conviction découle de notre sentiment d’appartenance non seulement à nos dénominations respectives, mais aussi à l’entreprise collective qu’on appelle citoyenneté. Nous croyons que l’unité et la diversité de nos sociétés contribuent à les enrichir et à les rendre meilleures.
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