Du 13 au 15 septembre 2022, le pape François était au Kazakhstan, pays à majorité musulmane, pour participer au VIIe Congrès des chefs des religions mondiales et traditionnelles. La rencontre a eu lieu à Nur-Sultan, anciennement Astana et capitale du Kazakhstan dans le but de rassembler des « Messagers de paix et d’unité ». Ce VIIe Congrès a pour thème « le rôle des responsables des religions mondiales et traditionnelles dans le développement socio-spirituel de l’humanité dans la période post-pandémique ». Depuis 2003, à l’initiative du président du Kazakhstan, cette conférence réunit tous les trois ans des leaders religieux à Astana. Cette VIIe édition devait avoir lieu en 2021 mais a été décalée du fait de la pandémie. Cette année, plus de 100 délégations de 50 pays étaient annoncées, dont le grand imam d’Al-Azhar, le grand rabbin séfarade d’Israël, le grand rabbin ashkénaze d’Israël, le patriarche grec-orthodoxe de Jérusalem.
« Le monde a besoin de religion » a plaidé le pape François en ouvrant le Congrès, avant de développer une large réflexion sur le monde après la pandémie, François a rappelé que « la liberté religieuse est un droit fondamental, primaire et inaliénable ». « Pour tous les êtres humains, les grandes sagesses et religions sont appelées à témoigner de l’existence d’un patrimoine spirituel et moral commun, fondé sur deux piliers : la transcendance et la fraternité. La transcendance, l’Au-delà, l’adoration. Il est beau que chaque jour des millions et des millions d’hommes et de femmes, d’âges, de cultures et de conditions sociales divers, se rassemblent en prière dans d’innombrables lieux de culte. C’est la force cachée qui fait avancer le monde. »
Du fait de la proximité avec la Russie, la guerre en Ukraine était une préoccupation du Pape pour ce voyage. Il souhaitait rencontrer le patriarche Kirill lors du congrès interreligieux, mais celui-ci n’est finalement pas venu. Le métropolite Antoine de Volokolamsk, chef du département des Affaires étrangères du Patriarcat de Moscou, a fait partie des délégations présentes. Dans sa déclaration finale et conclusion du Congrès le jeudi 15 septembre 2022 au palais de l’indépendance à Noursultan le Pape François a réaffirmé que « le rêve et le but de notre voyage [ est ]: la paix ! Beybitşilik, mir, peace ! La paix est urgente car tout conflit militaire ou foyer de tension et d’affrontement aujourd’hui ne peut avoir qu’un « effet domino » néfaste et compromet gravement le système des relations internationales (cf. n. 4). Mais la paix « n’est pas une pure absence de guerre et elle ne se borne pas seulement à assurer l’équilibre de forces adverses ; elle ne provient pas non plus d’une domination despotique », mais elle est « œuvre de justice » Elle naît donc de la fraternité, elle grandit dans la lutte contre l’injustice et les inégalités, elle se construit dans l’ouverture aux autres. Nous, qui croyons au Créateur de tous, devons être à l’avant-garde de la propagation de la coexistence pacifique. Nous devons la témoigner, la prêcher, l’implorer. C’est pourquoi la Déclaration exhorte les dirigeants du monde à mettre fin partout aux conflits et aux effusions de sang et à abandonner les rhétoriques agressives et destructrices (cf. n. 7). Nous vous prions, au nom de Dieu et pour le bien de l’humanité : engagez-vous pour la paix, non pour les armements ! Ce n’est qu’en servant la paix que votre nom restera grand dans l’histoire. »
Il a aussi déclaré : « notre Congrès affirme que l’extrémisme, le radicalisme, le terrorisme et toute autre incitation à la haine, à l’hostilité, à la violence et à la guerre, quelle que soit la motivation ou l’objectif qu’ils se fixent, n’ont rien à voir avec l’esprit religieux authentique et doivent être rejetés dans les termes les plus décisifs possibles (cf. n. 5) : condamnés, sans « si » et sans « mais ». De plus, partant du fait que le Tout-Puissant a créé tous les hommes égaux, quelle que soit leur appartenance religieuse, ethnique ou sociale, nous avons convenu que le respect et la compréhension mutuels doivent être considérés comme essentiels et indispensables dans l’enseignement religieux (cf. n. 13). »
Il a tenu à rappeler le rôle des femmes : elles « doivent également se voir confier des rôles et des responsabilités plus importants. Combien de choix de mort seraient évités si les femmes étaient au centre des décisions ! Travaillons afin qu’elles soient plus respectées, reconnues et impliquées. »
Il a terminé sur ceux qui sont porteurs d’avenir : les jeunes. « Ils sont les messagers de paix et d’unité d’aujourd’hui et de demain. Ce sont eux qui, plus que d’autres, invoquent la paix et le respect de la maison commune de la création. Par contre, les logiques de domination et d’exploitation, l’accaparement des ressources, les nationalismes, les guerres et les zones d’influence dessinent un monde ancien, que les jeunes rejettent, un monde fermé à leurs rêves et à leurs espoirs. De même, les religiosités rigides et étouffantes n’appartiennent pas à l’avenir, mais au passé. En pensant aux nouvelles générations, on a affirmé ici l’importance de l’instruction qui renforce l’acceptation mutuelle et la coexistence respectueuse entre les religions et les cultures (cf. n. 21). Donnons aux jeunes des opportunités d’instruction, et non des armes de destruction ! Et écoutons-les, sans crainte de nous laisser interroger par eux. Par-dessus tout, construisons un monde en pensant à eux ! »