par Gric
popularité : 6%
Hommes et femmes de religions différentes, nous nous sommes retrouvés à Assise, ville de François, le saint de la paix, alors que notre monde traverse des moments difficiles, sous le poids des tensions, des conflits, des menaces terroristes.
Nous avons évoqué l’initiative audacieuse et prophétique de Jean-Paul II qui, en 1986, en pleine guerre froide, invita à Assise les leaders religieux du monde pour prier pour la paix. Ce fut le début d’un chemin de dialogue, de prière et de paix, qui est maintenant revenu à Assise. C’est un chemin qui a libéré des énergies de paix et a continué à nourrir l’espoir de beaucoup d’un avenir de paix.
Ces jours-ci, nous nous sommes penchés sur nos diverses traditions religieuses qui, de manière différente, témoignent d’un message de paix aux racines anciennes. Nous avons dialogué avec des hommes et des femmes de culture laïque et humaniste. Nous avons vécu une école de dialogue.
Aujourd’hui nous nous sommes recueillis en prière selon nos diverses traditions religieuses, convaincus de la valeur de l’invocation à Dieu dans la construction de la paix. Nous avons montré que la prière ne divise pas, mais qu’elle unit : nous avons prié les uns à côté des autres, nous ne prierons jamais les uns contre les autres.
Nous avons porté notre attention sur de nombreuses situations de conflit et de douleur, qui frappent des milliers de personnes, un grand nombre de familles et de peuples. Nous avons partagé leur souffrance. Nous ne voulons pas les oublier ni nous résigner à leur douleur. Le monde d’aujourd’hui est traversé par beaucoup de problèmes. Mais ce n’est pas pour autant que nous nous résignons à la culture du conflit qui ne voit d’autre issue que l’affrontement pour l’avenir proche d’entières communautés religieuses, de cultures et de civilisations. Nous sommes des hommes et des femmes croyants, nous ne sommes pas des ingénus. Le siècle qui s’est écoulé nous a montré comment les guerres mondiales, la Shoah, les génocides aux dimensions inimaginables, les oppressions de masse, les idéologies totalitaires, ont volé des millions de vies humaines et n’ont pas renouvelé le monde comme elles le promettaient. C’est pourquoi nous disons : aucun affrontement n’est un destin inévitable, aucune guerre n’est naturelle.
La paix est un bien auquel on ne peut renoncer, même quand l’atteindre semble une entreprise difficile ou désespérée. Nous voulons aider chaque homme et chaque femme, les responsables des gouvernements, à se détourner du pessimisme, et à découvrir que l’espérance est proche si l’on sait vivre l’art du dialogue. Les religions habituent les croyants à vivre des valeurs de grande envergure jugées par beaucoup difficiles à mettre en pratique. Nous ne pouvons pas renoncer à combler l’abîme entre les riches et les pauvres et à chercher la paix par tous les moyens. Tel est l’espoir que nous communiquons et que nous proposons ici depuis la colline d’Assise, en demandant aux fidèles de nos communautés de prier et d’œuvrer pour la paix.
Nous croyons au dialogue, patient, authentique, raisonnable : un dialogue en quête de paix, pour éviter les abîmes qui divisent les cultures et les peuples et qui préparent de graves conflits. Nous tous, représentants de religions différentes, avons affirmé la valeur du dialogue, du vivre en paix que nous avons vécu au long de ces jours dans un esprit d’amitié, devenant un modèle et un exemple pour les fidèles de nos communautés. La guerre n’est pas inévitable. Les religions ne justifient jamais la haine et la violence. Ceux qui utilisent le nom de Dieu pour anéantir l’autre s’éloignent de la religion pure.
Que ceux qui sèment la terreur, la mort, la violence, au nom de Dieu, se souviennent que la paix est le nom de Dieu. Dieu est plus fort que ceux qui veulent la guerre, que ceux qui cultivent la haine, que ceux qui vivent dans la violence. C’est pourquoi notre espérance est celle d’un monde de paix. Rien n’est perdu avec le dialogue, tout est possible avec la paix ! Alors, plus jamais la guerre. Que Dieu accorde au monde le don merveilleux de la paix !
Assise, le 5 septembre 2006