Un éditorial récent parle des événements du Maghreb et du Moyen Orient comme « d’un tsunami de la liberté » (Réalités n° 1313). A son départ, Mr Mohamed Ghannouchi regrette, lui, que les médias n’aient pas rapporté les actions du gouvernement provisoire mais que les débordements et les exactions, aient eu la une (La Presse de Tunisie du 28 février). Ces deux rappels pour dire que le vent de la liberté s’accompagne d’un déferlement de rumeurs parfois contradictoires, de relations fantasques, de nouvelles abondantes ou sélectionnées qui peuvent séduire, semer le trouble dans les consciences,inquiéter, alarmer au mépris d’un traitement sérieux de l’information et du devoir d’informer. L’absence de censure et l’émergence de libres propos ne sont pas sans poser le problème d’une nouvelle déontologie de l’information et de son traitement pour nous tous si nous ne voulons pas être mus par le sensationnel, l’émotionnel, le spectaculaire, le parti pris voire l’humeur du moment. La rue comme nos rencontres quotidiennes bruissent de l’événementiel rapporté comme des nouvelles de comptoirs. Il faut donc raison garder et prendre tout recul nécessaire. S’il convient en effet d’analyser, de filtrer l’information, de vouloir comprendre, il faut aussi savoir se taire pour ne pas alimenter en vain des échanges stériles. C’est aussi de la sorte que nous apporterons notre contribution non seulement à la compréhension des faits mais à la liberté nouvelle dans cette société qui chercher à s’ériger dans la vérité et dans l’expérience de la démocratie qui exige pour chacun un effort nouveau dans le dialogue et la communication.
A Gafsa , le 4 mars 2011