par henri.delahougue
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Le pape fait un discours sur l’importance de l’usage de la raison pour penser la foi dans notre monde d’aujourd’hui.
« L’avant-propos » de son discours est réflexion autour d’une discussion entre l’empereur Byzantin Manuel Paléologue II et un professeur musulman qu’il a rencontré alors que Constantinople était dans un état de faiblesse telle que l’empereur était obligé d’envoyer des contingents pour combattre aux côtés des troupes ottomanes (hiver 1391). Dans les controverses des discussions, l’empereur insistait sur le fait que la réussite militaire n’était pas un signe de bénédiction de Dieu. Se répandre par la violence n’a jamais été signe de Dieu. Or selon Theodore Khoury, qui a publié ces Ecrits, la transcendance absolue telle qu’elle est prônée dans l’islam rend la volonté de Dieu plus élevée que l’intelligence humaine peut la percevoir, ce qui rend la religion musulmane moins apte à considérer la raison humaine comme critère d’authenticité du message de Dieu.
A partir de là, le pape explique comment la foi chrétienne a toujours été façonnée en même temps par la Bible et la pensée grecque, si bien que l’usage de la raison est depuis toujours nécessaire pour penser sa foi. Mais en même temps qu’il affirme cela, le pape montre que l’équilibre foi-raison n’a jamais été évident dans l’histoire et il cite les moments où la théologie chrétienne a été elle aussi “en crise” avec la raison : A la fin de l’époque médiévale, l’ère de la métaphysique a laissé place à une revendication d’autonomie de la part de la raison : l’insistance protestante sur un retour à l’Ecriture Seule ’Sola Scriptura’ et le rejet de la métaphysique comme trop emprunte de principes externes au message biblique. La modernité, en rejetant la métaphysique, a souvent réduit la foi a une “raison pratique”, selon l’expression de Kant. Ensuite la théologie libérale du 19ème-20ème siècle a fait un pas de plus vers la deshellénisation du christianisme en essayant de détacher le message de Jésus du contexte hellénique dont est emprunt le Nouveau Testament. (Il cite comme représentant éminent de cette tendance Adolf von Arnack) Est né à cette époque une conception moderne de la “raison”, marquée par le cartésianisme et l’empirisme, qui semblait à même de contrôler le vrai ou le faux à partir de l’expérience scientifique. Le problème de Dieu était alors considéré comme a-scientifique ou prescientifique.la raison semblait alors s’opposer à la religion. Enfin, une troisième onde de deshellénisation touche aujourd’hui l’Occident à travers la rencontre des autres cultures. Certains pensent aujourd’hui que l’hellenisation de la religion chrétienne fait obstacle à l’ouverture de la religions aux autres cultures : il faudrait retrouver le message chrétien originel pour l’inculturer dans d’autres contextes. Pour tout cela il importe de toujours considérer nécessaire dans le christianisme une unité entre la foi et la raison, une raison qui ne se limite pas à ce qui est “scientifiquement expériementable”, mais qui porte toute l’ampleur de la réflexion humaine. C’est à cette condition que l’humanité sera capable d’un véritable dialogue entre les cultures et les religions. La raison actuelle doit accepter de porter en elle une interrogation qui la transcende et qui la pousse à être à l’écoute des convictions que portent les traditions religieuses de l’humanité, notamment le Christianisme.
“Ne pas agir selon la raison, ne pas agir avec le “logos”, est contraire à la nature de Dieu” reprend le pape à la suite de Manuel II.
Résumé par Henri de La Hougue (GRIC Paris)