Bruno Etienne : L’islam, les questions qui fâchent, Bayard, Paris, 2003 (177p.)
Un petit livre qui présente le grand intérêt de montrer de manière simple la complexité des différentes questions posées sur l’islam par les Occidentaux.
L’auteur essaie de répondre aux nombreuses questions habituellement véhiculées dans notre société, comme la question de la séparation du pouvoir temporel et spirituel en islam, d’une violence inhérente à l’islam, de l’impossible adaptation de l’islam à la modernité, de la fermeture de l’islam à la raison critique, etc.
Mais à chaque fois, il replace la question dans son contexte, ce qui renvoie aussi la question, d’une autre manière, à celui qui la pose (Il n’y a pas de question neutre : poser la question du rapport de l’islam à la laïcité n’a pas du tout la même signification en France qu’ailleurs). Il montre combien les critères de jugements adoptés par les uns et les autres pour qualifier l’islam sont subjectifs. Il essaie ensuite d’y répondre en allant au-delà de la caricature (en la dénonçant au besoin), en puisant dans la tradition théologique musulmane et dans l’histoire des différents pays à majorité musulmane. Il montre par exemple que, contrairement à ce que l’on entend habituellement dire, l’islam, depuis ses origines jusqu’à aujourd’hui, a toujours favorisé le pouvoir politique sur le pouvoir religieux. Il souligne aussi la place prédominante d’une « modernité » dans les différentes civilisations musulmanes. Il replace la violence religieuse dans le cadre plus général de la violence des civilisations… Dès lors l’islam apparaît dans toute sa complexité, mais une complexité due en grande partie à son lien avec l’Occident. L’auteur va même plus loin, puisqu’il invite en conclusion à cesser, à tout prix, d’opposer Occident et Islam : « leurs sources sont communes et leurs destins sont liés ». Le tout se lit extrêmement facilement grâce à un style clair et simple, suivi d’un lexique et d’une petite chronologie.
Henri de La Hougue