Ils avaient des crayons et eux des armes ;
Ils avaient des idées et eux des slogans ;
Ils faisaient de l’humour et eux de sombres projets de meurtres ;
Ils préparaient un journal sur le racisme anti-arabe et anti-musulman et eux incitaient à la haine.
Nous, GRIC de TUNIS, qui avons vécu récemment les lâches assassinats de leaders politiques, de militaires ou de policiers, ne pouvons que partager la douleur des familles des disparus, l’indignation de tous les êtres humains face à des actes lâches et cruels, la colère des défenseurs des libertés, en particulier de la liberté d’expression, la stupeur de tous ceux pour qui le bien “vivre-ensemble” est possible au-delà des différences de culture, de nationalité ou de religion.
Nous n’oublierons pas que ces hommes et cette femme sont morts parce qu’ils défendaient une de nos libertés fondamentales, à savoir celle de s’exprimer librement, de défendre ses opinions sans incitation à la haine ou à la violence.
La tristesse que nous ressentons au plus profond de nous s’est aussi manifestée dans la société tunisienne. Un rassemblement spontané a réuni le soir même de l’attentat Tunisiens et Français à Tunis, à La Marsa (banlieue de Tunis). De nombreuses composantes de la société civile ont manifesté leur indignation et ont condamné ces actes monstrueux qui touchent à la liberté de la presse. Les médias tunisiens ont aussi consacré de larges espaces au débat quant à ce qui s’est passé en France. Ce qui a été l’occasion de parler du terrorisme qui frappe aussi bien la Tunisie que le reste du monde.
Face à ce drame, nous voulons simplement réaffirmer nos convictions profondes qui sont les raisons d’être de notre groupe :
– Nous cherchons à mieux connaître la culture de l’autre, à comprendre les valeurs qui l’animent afin de faire reculer les préjugés, à respecter les différences, à les utiliser comme autant de forces et de richesses pour une vie plus harmonieuse et plus riche, et à trouver ensemble les solutions aux problèmes de notre temps comme le stipule notre charte : « Nous avons à nous retrouver ensemble, entre croyants, pour aborder ensemble, en croyants, ces défis du monde contemporain, faire profiter nos communautés religieuses respectives des questions que ces défis leur posent et les rendre capables d’y apporter des réponses adaptées, afin que la lumière et l’espérance dont elles sont porteuses puissent être reconnues et reçues par ceux qui cherchent la vérité et la justice ».
– Nous refusons la violence comme solution aux conflits et dénions à toute personne le droit de disposer de la vie d’autrui, et notamment à ceux qui prétendent se référer au Coran qui dit pourtant « Celui qui tue une âme innocente, c’est comme s’il avait tué l’humanité entière et celui qui sauve une âme, c’est comme s’il avait sauvé l’humanité entière » Coran (52/32).
– Nous nous engageons avec constance pour créer une véritable fraternité et comme l’a rappelé récemment l’Evêque de Constantine : « Avec tous les faiseurs de paix, nous continuerons de croire au “vivre-ensemble” parce que nous le vivons déjà ».