sous la direction de Fawzia Zouari, Desclée de Brouwer, 2017 (162 pages)
recension proposée par Jean Kalman
En 1997Rachid Benzine et Christian Delorme s’exclamaient : Nous avons tant de choses à nous dire. Vingt ans plus tard Fawzia Zouari a proposé à douze musulmans de nous parler de leur rencontre avec le monde chrétien et avec le Christ. C’est l’occasion pour un chrétien de découvrir le point de vue de l’autre et surtout les itinéraires personnels de musulmans qui ne cachent ni leur incompréhension face à certains aspects de la foi chrétienne ni les contraintes imposées par la société musulmane.
Ghaleb Bencheikh propose son regard de théologien ouvert à l’altérité. Salah Stétié nous parle de ses années d’études au collège Saint Joseph de Beyrouth et célèbre l’inspiration d’Ibn Arabi auquel a fait écho le regretté Abdelwahab Meddeb. La romancière et journaliste tunisienne Alia Tabaï dénonce la récupération de la personne de Mohamed par la doxa wahabite. Issue d’un couple mixte, la romancière Etel Adnan évoque la cohabitation d’un père citant fréquemment le Coran, le christianisme orthodoxe de sa mère centré sur Pâques, la résurrection, le pardon et le salut tandis que le catholicisme de l’école lui restait étranger avec son petit Jésus et son sentimentalisme.
Oui, Douze musulmans parlent de Jésus est un livre joyeux et rafraîchissant. Un livre qui donne à penser. Un livre dépourvu de toute visée polémiques ou apologétiques, qui peut nous aider à prendre nos distances avec nos certitudes.