A l’initiative de deux Libanais, un chrétien, Naji Khoury, président de l’Amicale des anciens élèves du collège des jésuites au Liban et un musulman, cheikh Mohammad Nokkari, ancien directeur de Dar-el-Fatwa et membre du GRIC Liban, le 25 mars est devenu officiellement une fête nationale islamo-chrétienne au Liban depuis 2010. Ce jour de l’Annonciation y est désormais un jour chômé, où les deux confessions se retrouvent pour prier ensemble, autour de Marie, modèle de foi et de fidélité en Dieu et dénominateur commun entre la chrétienté et l’islam.
Une table ronde, a été organisée le 25 mars 2017 par le GRIC Tunis, à la bibliothèque des religions à Tunis, et pour la 2* fois. Elle s’inscrit dans le cadre des rencontres « Ensemble avec Marie », qui rassemblent, le 25 mars de chaque année, des chrétiens et des musulmans de tous horizons, désirant, à l’instar des Libanais, vivre, autour de la figure de Marie, un temps de convivialité, de prière et de partage.( Une vidéo de cette rencontre est à écouter ci-dessous et les différentes interventions seront publiées sur le site)
Les trois premiers intervenants se sont attachés à parler de Marie dans les textes sacrés.
Nous avons eu le plaisir d’accueillir le Professeur Youssef Seddik, philosophe et anthropologue tunisien, auteur notamment de » Nous n’avons jamais lu le Coran » et dont l’intervention intitulée « Marie dans mon Coran » a réjoui les participants par son érudition, l’originalité de sa pensée, et par sa sincérité.
Le Père Samir Khalil Samir, jésuite égyptien, docteur en théologie orientale et en islamologie et auteur de plusieurs livres sur les relations islamo-chrétiennes dont « Islam en Occident : les enjeux de la cohabitation », nous a ensuite parlé de « Marie dans l’Evangile et le Coran ». Il a montré comment dans les deux sourates du Coran qui parlent de Marie (sourates 3 et 19)
Jean Fontaine, père blanc né en France, auteur d’ une série d’ouvrages sur la littérature arabe et tunisienne en particulier et qui a récemment publié « Du côté des salafistes en Tunisie », a intitulé son intervention « Que me reste-t-il de Marie ? », titre un brin provocateur. Sa réflexion s’appuie d’une part sur les nouvelles méthodes pour lire les livres sacrés et d’autre part sur les avancées des sciences, tout en utilisant des déclarations de l’Eglise catholique.
Les quatre autres intervenants nous ont évoqué Marie dans les traditions et les pratiques chrétiennes, musulmanes ou communes
Tout d’abord Asma Nouira, docteur en sciences politiques, enseignante à la faculté de droit et des sciences politiques de Tunis, co-présidente du Gric international, et co-auteur de « Réfutations maghrébines du wahhabisme au XIXe siècle » nous a parlé de « Marie, figure de rencontre, dans la foi populaire musulmane ». Elle a évoqué les différents sanctuaires mariaux qui à travers le monde rassemblent chrétiens musulmans et parfois juifs
Notre Archevêque, Monseigneur Ilario nous a ensuite parlé de « Marie vue par les chrétiens orientaux », avec émotion, en raison des nombreuses années passées dans le Patriarcat de Jérusalem en contact avec les rites des églises orientales. Il a évoqué des lieux chers à son cœur comme la basilique de l’Annonciation à Nazareth, où habitait la Vierge, et où il a été consacré évêque, ou « la fontaine de la Vierge », fontaine où selon la tradition l’ange Gabriel apparut à Marie. La vénération de Marie en Orient date des premiers siècles comme le mentionne le Protévangile de Jacques
Puis Adnene El Ghali, architecte et urbaniste tunisien, membre du GRIC Tunis et auteur de « La route des consuls » a proposé un « Témoignage d’un musulman sur Marie ». Il a souligné que la mère de Jésus incarne le modèle du parfait croyant.
Enfin le Père Anselme Tarpaga, originaire du diocèse de Bobo-Dioulasso au Burkina Faso et actuellement recteur de la basilique N.D. d’Afrique à Alger, nous a fait partager l’ « Expérience mariale Islamo-chrétienne à Notre Dame d’Afrique à Alger« .
Pour certains elle est Lala Meriem ou Madame l’Afrique, pour d’autres c’est Notre Dame d’Afrique. Pour tous elle est la Mère chez qui l’on vient déposer ses joies et ses peines.
Pour résumer cette rencontre riche, documentée, fraternelle, libre et totalement ouverte à l’Autre nous reproduirons deux textes cités par les intervenants :
Cette prière des chrétiens, citée par un musulman :
SOUVENEZ-VOUS, ô très miséricordieuse Vierge Marie, qu’on n’a jamais entendu dire qu’aucun de ceux qui ont eu recours à votre protection, imploré votre assistance ou réclamé votre secours, ait été abandonné. Animé d’une pareille confiance, ô Vierge des vierges, ô ma Mère, je cours vers vous, je viens à vous et, gémissant sous le poids de mes péchés, je me prosterne à vos pieds. Ô Marie, Mère du Verbe incarné ne rejetez pas mes prières, mais écoutez-les favorablement et daignez les exaucer. Ainsi soit-il.
Et la traduction française d’un cantique confrérique que tous les Tunisiens connaissent et chantent : Sur le fils de Marie, citée par un chrétien.
Sur le fils de Marie, que soit la paix de Dieu sur le fils de Marie.
1 Gloire à celui qui l’a formé et créé
dans le sein de sa mère fille vierge.
Personne ne saurait dire qui est son père.
C’est qu’il émane de l’Esprit, l’unique, l’éternel.
2 Elle leur dit : « Posez-lui la question (qui vous taraude) ».
Ils dirent : « Qui est ton père le pudique ? »
Il leur répondit : « Je participe de l’Esprit tout-puissant
Je suis Jésus pour celui qui veut être sauvé. »
3 On lui dit : « Qui lui a enseigné et appris ? »
Elle dit : « Mon généreux Seigneur lui a donné,
lui a enseigné la science et l’a sauvé,
et lui a confié les mers de la science. »
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