Professeur titulaire de la Chaire Kamal Youssef El-Hage pour la Philosophie Libanaise USEK-Liban
INTRODUCTION
Dans un monde où le politique se confond avec le religieux et constitue son corollaire, il n’est pas facile pour l’observateur soucieux de saisir les paradoxes de cette réalité, d’exploiter l’arsenal des idées surgies de tout bord, spécialement celles susceptibles de contribuer à la libération de l’esprit et à l’avènement de la nouvelle société arabe démocratique qui pense l’être et l’être avec, avec des schèmes nouveaux.
ÉTAT DES LIEUX
Le monde arabe qui nous intéresse, dans le cadre de cet article, est le Moyen-Orient en particulier. Cet ancien berceau des trois religions monothéistes, le judaïsme, le christianisme et l’islam, ottoman fût-il, arabe, colonisé ou indépendant, n’a pas cessé, au cours de son histoire, de servir d’exceptionnelle matrice d’identités meurtrières et d’espace de conflit et de choc civilisationnel infatigable.
Pour comprendre cette réalité, il nous faut situer la recherche au cœur de la mosaïque communautaire moyenne orientale, laquelle s’exprime en rapport à l’histoire et au temps, ontologiquement vécu et conceptualisé, par un mode mnémonique unique.
NATURE DE LA SOCIÉTÉ ARABE MOYENNE ORIENTALE
Une société plurielle, disparate, pluriethnique, sortie de l’Empire ottoman démantelée, non accoutumée à l’idée d’Etat territorial lié à une identité communautaire, nationale ou ethno nationale. Ajoutons à cette situation complexe un parcours de confrontation inédite depuis le temps des croisades jusqu’au clash civilisationnel véhiculé par la puissance scientifique de l’Occident. Serions-nous portés à croire qu’une révolution lamine et bouleverse le monde moyen oriental dans l’intimité axiomatique de son identité jusqu’à aujourd’hui ?
Groupés sous la bannière ottomane en leur qualité de « sujets » ottomans, les peuples et les ethnies qui ont constitué le tissu social ottoman se retrouvent, vers la fin du XIXe siècle, suite à l’éveil provoqué par le contact avec le monde européen, envahis par un flux d’idées qui se mettent fatalement en interaction, gagnent les populations à leur thèse, précipitent le changement et contribuent à la défaite irréversible de l’Empire ottoman, et, par voie de conséquence, à l’émergence de nouvelles sociétés.
Une prise de conscience collective et individuelle prend forme, une remise en cause de toutes les valeurs sociales et politiques, voit le jour, un pressentiment de menace s’exprime dans l’intense mobilité identitaire, des mutations profondes agitent les sociétés moyennes orientales, montrant non sans défi que l’éveil revêt des formes identitaires conflictuelles, pathologiques et narcissiques.
De l’émergence des mouvements au cœur de l’Empire ottoman, (le wahhabisme, le panarabisme, le panislamisme, la sémitisation, la pantouranisme), aux Tanzimat, à la fragmentation de l’Empire, à la création d’Etats-nations, établis selon les termes juridico politiques de la raison occidentale, par le colonisateur et rendus souverains par les indépendances, le Moyen-Orient arabe n’a pas réussi à s’affranchir d’une identification paranoïaque, à se muer en nations arabes unies ou en nations mûres et autonomes. Ils n’ont ni prouvé le respect de la liberté d’expression ni protégé leurs maîtres à penser.
Le tableau brossé hâtivement permet de nous interroger sur le concept de durée… L’enjeu est là… Comment des nations aussi fragiles ont-elles résisté aux effets pervers du temps ?
Deux points de vue justifient cette résistance : a) le système de « millets » qui gérait des populations sujettes et non citoyennes conformément aux préceptes du Coran à l’égard des Gens du Livre, b) les origines du mouvement identitaire philosophique né au IXe siècle avec l’infiltration de la philosophie grecque et l’émergence de la pensée qui fait prôner la raison et appelle à l’instauration de la Cité idéale que régiraient la raison et le droit, mouvement repris plus tard par les entrepreneurs de la Nahda, ou la Renaissance arabe.
Force est de constater qu’au cœur d’un système politique islamique, l’aventure identitaire n’est pas une simple besogne. A l’heure où la communauté chrétienne arabe moyenne orientale montrait qu’elle pouvait mieux évaluer et établir une certaine distance critique vis-à-vis de la modernité, la large communauté arabe musulmane, qui partageait cette plénitude axiomatique de l’identité arabe, sans recours à un quelconque point d’ancrage dans cette modernité allogène, allait voir l’onde d’un choc atteindre le foyer miroir.
LE GÉNIE IDENTITAIRE DE LA PENSÉE ARABE MODERNE ET CONTEMPORAINE
Les musulmans et les chrétiens du Moyen-Orient ont exprimé leur volonté de se muer en nations libres et indépendantes, particulièrement lorsqu’ils ont constaté, d’une part, que l’Empire ottoman ne pouvait plus assurer la survie des minorités ni la suprématie de l’islam sunnite, et, par ailleurs, que la rencontre historique avec l’Occident ne pouvait favoriser l’instauration d’un convivium pacifié pour un éventuel savoir être et être avec, ou pour un savoir pour soi et pour les autres.
Deux voies divergentes traduisent la réaction des Arabes, chrétiens et musulmans.
Le musulman arabe se définit fils d’une Umma fondée sur l’islam, source de sa cohésion, exprimée en langue arabe, sacrée, parce qu’elle est le véhicule du message divin, de la Révélation.
En raison de cette conviction quasi incontournable, le musulman se dépêche de restituer une identité et non de se forger une identité. Il se défend par un retour aux sources, aux premières heures de l’islam, à une époque susceptible de faire oublier les temps désastreux dans l’âge de l’Umma. Une vision particulière pour renouveler l’identité musulmane puisée dans la doctrine et dans l’enseignement musulman, indépendamment des efforts investis dans la langue arabe pour la promouvoir au rang des langues vivantes et en faire le lien viscéral en matière d’identité pour tous les habitants du Moyen-Orient.
Le chrétien arabe, principalement le chrétien ouvert sur la culture occidentale, qui s’est construit un savoir en matière de nation, de citoyenneté, de charte des droits de l’homme, de démocratie et de société plurielle, celui-ci s’est frayé, dans sa quête d’identité, un chemin bien différent de celui des musulmans réformistes arabes.
Les démarches identitaires ne se ressemblent pas, par conséquent la philosophie, soubassement culturel de la politique en jeu, est le corollaire de l’identité en construction.
RELIGION ET IDENTITÉ
Nous pouvons avancer que les réformistes musulmans arabes et les modernistes islamiques ont lutté d’une manière ou d’une autre en vue de montrer que : a) « la religion est l’amie de la science car elle pousse l’homme à rechercher les secrets de l’existence, lui enjoint de respecter les vérités établies et de se fier à elles dans sa vie et dans son comportement moral » (Abdo, Risalat al Tawhîd, 1966), b) l’islam n’est pas seulement compatible avec la raison, le progrès et la solidarité sociale, bases de la civilisation moderne, si on l’interprète correctement, il les prescrit positivement (extrait du discours de J. Eddine Al Afghani et de M. Abdo).
Nous ne pouvons pas nier que les réformes en milieu arabe et musulman appellent à la réconciliation religion-raison. Toutefois, cette réconciliation demeure objet de discorde depuis le début des années quatre vingt, principalement à la suite de la révolution islamique en Iran et depuis la consolidation des mouvements fondamentalistes et extrémistes partout ailleurs. Les nouveaux penseurs de l’islam s’attellent à la tâche de revisiter les interprétations successives et les utilisations qui ont été faites du message coranique et des autres textes fondamentaux et de passer ceux-ci au tamis de la critique (Rachid Benzine, Les nouveaux penseurs de l’islam, 2004).
S’agit-il d’un travail de déconstruction susceptible de permettre à tout musulman d’approcher le message de l’islam loin des manipulations idéologiques qui s’approprient Dieu, confondent identité et religion et qui excluent tout non musulman de la société ?
Ou s’agit-il de découvrir les enjeux de valeurs pour une reconstruction du lien social, un réexamen des certitudes héritées, une participation plus active aux efforts de l’homme pour libérer l’homme de toutes les formes récurrentes de la servitude ?
La réforme arabo musulmane en mouvement constant, continue de défricher le patrimoine culturel et religieux musulman en vue de promouvoir un humanisme philosophique centré sur l’homme raisonnable dans la perspective de développer l’image d’un islam au rythme du temps, capable de séparer le temporel du spirituel et d’asseoir une société gérée par une constitution civile indépendamment des préceptes de la Shari’a et de promouvoir un citoyen libre et égal à son frère citoyen, musulman fut-il ou non musulman.
La question de fond serait de percevoir dans quelle mesure ce musulman militant peut-il atteindre la cité idéale en dehors de cet éternel mouvement d’interrogation du texte et d’interprétation de message ?
Habitant du Moyen-Orient, le chrétien arabe, en matière d’identité et de religion, projette une vision différente de celle de son concitoyen musulman vivant dans les mêmes conditions et évoluant dans le même contexte.
Le chrétien arabe en quête d’identité, après l’épreuve millénaire, du statut de « millet » et de « sujet », a fondé son appartenance sur :
- la langue arabe, support de cohésion nationale et véhicule des valeurs arabes dont l’islam fait partie.
Ce défi passe par les efforts déployés pour rendre la langue arabe une langue scientiste, à même de véhiculer des notions, des définitions, des concepts et de propulser des équations et des dérivés qui répondent aux besoins du progrès scientifique et technologique.
Une langue arabe vivante et non une langue sacrée, est le fer de lance du développement mental, scientifique, politique, économique et social.
Comprise comme une conscientisation du statut du citoyen arabe, la langue arabe, dans la vision du chrétien arabe, se confond avec le phénomène identitaire et prépare une :
- Intifada politique faisant de la langue arabe un moyen d’expression et de rapprochement entre les arabophones, dans l’espoir d’y trouver un rassemblement national.
- Intifada culturelle susceptible de ressusciter le patrimoine demeuré longtemps dans l’oubli.
- Intifada scientifique qui libère la langue de la chrysalide sacrée et immuable pour en faire un outil de progrès et un contenant de toutes les nouveautés culturelles, sociales, économiques et scientifiques.
- Le rejet du fanatisme religieux qui a véhiculé dans les écrits des chrétiens arabes un vocabulaire dont les maîtres-mots sont : tolérance, égalité, liberté, droits de l’homme et du citoyen, laïcité, justice, amour et équité (Farès el Chidiac, Francis Marrache, Boutros et Sélim Al Boustani, Adib Ishac, Négib Azouri, et bien d’autres).
- La « qawmiyya », fondée sur la race et le sang arabes qui a promu l’indépendance et la citoyenneté nationale et transarabe au-delà de toute appartenance religieuse. (B. Al Boustani).
- L’éducation sensée être la voie de l’avenir, le vecteur de la libération de l’illettrisme et de l’appropriation de la lumière du cœur et de l’esprit. L’éducation de la femme en particulier, principal acteur du citoyen en devenir et principal agent de conversion des mentalités. Par le biais de l’éducation, le peuple se forme, s’éveille, prend conscience de la réalité complexe de la société à laquelle il appartient, réagit rationnellement à toutes les difficultés qui surgissent et tente de mieux intégrer le respect de l’autre différent au lieu de réduire cette richesse millénaire qu’est la pluralité au Moyen-Orient à un perpétuel conflit qui s’abreuve des âmes pures au profit d’un quelconque fanatisme religieux contesté et dénoncé. (Farah Antoun et B. Al Boustani).
Les penseurs chrétiens arabes ont mis à contribution tous leurs acquis culturels pour se pencher sur la personne humaine, construire l’Etat, élaborer la Constitution, restaurer la citoyenneté, enrichir le legs culturel arabe, et prouver au monde qui changeait, depuis la fin du XIXe siècle, que les Arabes, chrétiens et musulmans, sont capables de vivre ensemble, dans une large nation dite arabe, habilitée à gérer les différences dans le respect mutuel et la reconnaissance de l’autre comme frère égal, régis tous deux par les préceptes de la loi civile.
Les chrétiens arabes modernes et contemporains ont construit un vocabulaire opposé à celui des entrepreneurs musulmans de l’identité :
- La Nation par opposition à l’Umma,
- Le citoyen par opposition au citoyen musulman,
- La constitution par opposition à la Shari’a.
- La fraternité et l’égalité des citoyens par opposition à la fraternité et à l’égalité des citoyens musulmans et à la notion de « zhimmi » par rapport au non musulman.
SYNTHÈSE
Evidemment la lecture attentive du cheminement de la pensée arabe moderne et contemporaine permet de constater que deux projets se sont mis en route parallèlement et en même temps, depuis la deuxième moitié du XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui. Cependant les projets n’ont pas abouti aux mêmes résultats malgré les efforts récurrents pour rapprocher les écarts. D’une part, les entrepreneurs d’une identité laïque qui définit la religion comme une approche particulière du divin et non comme une appropriation de Dieu et une négation du non moi, et, d’autre part, les entrepreneurs d’une identité religieuse qui n’excluent pas le droit de regard sur le divin mais ne s’affranchissent pas aussi, dans la conception de la citoyenneté, de l’égalité et du dialogue avec l’autre, d’une appartenance quasi immuable à l’islam. Cette appartenance identitaire mettra beaucoup de temps à forger la voie du salut humain et universel. Considérer les religions comme étant un jardin de Lumières où tout un chacun, ouvert sur son frère, peut le saisir dans l’intimité axiomatique de sa foi et de ses affinités, ne semble pas une conviction à dimension transorientale concrète.
Un regard profond sur la promotion de la rationalité en matière de dialogue inter religieux nous permet de constater que les chemins de rencontre et de dialogue sont des pauses dans l’histoire christiano musulmane sans cesse renouvelées. Nous ne pouvons, certes, pas laisser dans l’oubli les grands efforts investis par un nombre de fuqaha’, d’ulémas et de philosophes, qui ont toujours affiché une opposition quasi agressive à certaines traditions et coutumes, mais toujours est-il que la remise en cause se fait à partir d’une nouvelle lecture du texte sacré.
D’où les sérieux écueils qui jalonnent les voies du salut et de la réconciliation religion-raison.
CONSTAT
Depuis le XIXe siècle, les mouvements intellectuels ou politiques qui ont vu le jour à l’échelle du Moyen-Orient arabe et musulman en particulier, ressemblent à des mouvements de libération et non à des mouvements de liberté, à noter la libération du joug ottoman, du colonialisme, de l’impérialisme, du capitalisme et d’un tas de phénomènes idéologiques y compris la mondialisation sans pour autant réclamer, pour l’individu citoyen, la liberté au sens politique et civique.
Est-ce à dire qu’une citoyenneté démocratique est difficile ou impossible, bien que nous puissions signaler, vers la fin des années soixante dix, l’émergence des textes démocratiques, la multiplicité des rencontres, la prolifération des centres de recherches et des associations coincés pratiquement entre l’hostilité des régimes politiques locaux et le suspect soutien de l’étranger ?
Toutes ces interrogations nous conduisent à un constat à visées peu optimistes. D’une part, « la nature religieuse du vécu sémitique favorise en Orient une étroite connivence entre le sacré et le profane. L’islam politique semble en donner le meilleur exemple » (Mouchir Aoun, Conférence, Dialogue islamo chrétien, colloque USJ, 2007).
D’autre part, la preuve concrète de cette réalité s’exprime dans la marginalisation de la population chrétienne de la plupart des sociétés arabes et dans l’exode massif des chrétiens. Deux phénomènes qui ne laissent pas de fragiliser l’espérance chrétienne quant à l’avenir de leur témoignage en terre d’Orient.
L’on s’interroge sur le sort des idées et des pensées arabes qui ont gravité dans l’orbite de la consolidation culturelle, celle susceptible de transcender les différences religieuses en vue d’une symbiose culturelle où tout un chacun s’exprime et se retrouve.
Le proto-islam fasciné autrefois par la science est victime doit retrouver aujourd’hui ses vieux élans humanistes en terre d’Orient.
La nouvelle pensée islamique « démocrate » qui fraie son chemin malgré l’opacité du fondamentalisme religieux omniprésent, demeure une « réforme » qui continue de lutter contre les stratégies exclusivistes et ostracistes au lieu de jeter les fondements de base d’une société humaniste viable où le citoyen est libre, souverain et maître de son destin.
Les penseurs chrétiens arabes, artisans du « rêve arabe », commencé depuis plus de cent ans sur base d’entente et d’osmose culturelle et religieuse, n’ont pas pu empêcher l’islam de se cantonner dans une rigidité dogmatique dont il est difficile de l’en tirer et n’ont pas gagné tous les chrétiens d’Orient à leur thèse libérale et libératrice.
Parle-t-on d’une impasse dans l’histoire des idées à un moment de l’Histoire où le Pape Benoît XVI appelle à un « dialogue authentique » entre chrétiens et musulmans ? et où, quelques années plus tard, le Pape François signe la charte de la fraternité humaine en février 2019 avec le Dr Ahmad Tayyeb, Mufti de l’Egypte, à Abu Dhabi ?
En fait il nous faut avouer que la problématique religion-raison est récurrente. Toujours vive et en état d’alerte. Et la problématique religion-identité en est la conséquence immédiate.
Bien que minoritaire, le chrétien oriental est le produit de deux civilisations orientale et occidentale. Pour cette raison, « il contribue davantage à l’émergence d’une citoyenneté différenciée et respectueuse des particularités socioculturelles. Le musulman oriental, quant à lui, il est majoritaire et ne se contente pas, sous la motion des idées fondamentalistes, de limiter son appartenance au Moyen-Orient lorsqu’il croit pouvoir être membre à part entière d’une Umma dans le sens politico religieux du terme ». (Georges Hobeika, Echanges et Débats in colloque Théologie, Philosophie et Libération de l’esprit, Pusek, 2007).
Faudrait-il baisser les bras et prétendre que nous ne pouvons rien faire face aux irréductibles ?
Certainement pas.
La raison humaine, au-delà de l’appartenance religieuse, peut, sans exclure la foi, celle authentique, porter une réflexion sûre et profonde sur toutes les tragédies vécues par l’humanité, particulièrement après la deuxième guerre mondiale : dans les Partis-Etats post coloniaux, dans les guerres inégales, dans les attentas du 11 septembre 2001 et les ripostes qui ont suivi….
Toutes ces épreuves traduisent la défaite de toutes les formes de pensée et de légitimité pouvant se prévaloir de valeurs humanistes.
Quelles solutions préconiser ?
Une gestion solidaire de la crise qui atteint chaque conscience. Hier on parlait d’Empire ottoman et de sujets ottomans, suivi d’Etats indépendants et souverains toujours sans citoyens dans le sens civique du terme, suivi d’un discours « démocratique » sans démocrates. Des appellations successives : le Levant, le Proche et le Moyen-Orient arabes, le monde arabo musulman, puis le monde arabo islamique, les pays du sud du bassin méditerranéen, et bientôt le Grand Moyen-Orient.
« Cette dernière appellation prévoit de diluer la forte concentration arabo musulmane du Moyen-Orient dans un contexte plus large où d’autres composantes sociolinguistiques, à savoir les langues persane, turque, kurde, hébraïque, avec les cultures qu’elles charrient, contribuent à créer un autre paysage bigarré, multiethnique et multiculturel. Ce faisant, la forte dose en diversité, suscitée de la sorte, pourrait amener les irréductibles à composer avec les autres, enclenchant par là, pense-t-on, un irrésistible mouvement de démocratisation graduelle, basée sur l’acceptation de l’autre dissemblable comme partenaire à part entière. Cette nouvelle terminologie vient en renfort de la politique de défondamentalisation de l’espace arabo musulman, dans le but de le mettre au diapason du temps ». (Georges Hobeika, idem)
La pensée qui devra mener le monde moyen oriental arabe au havre du salut, sera celle qui engage Foi et Raison dans un effort d’intercompréhension qui brise les frontières étanches dressées en remparts et divisant l’humanité en axes du bien et axes du mal et qui « transforme en avènements tous les évènements porteurs d’évidentes richesses révélatrices sur les espérances de la personne humaine et des sociétés où se déploient les existences individuelles et collectives » (M. Arkoun, Humanisme et Islam, 2006).
La pensée libératrice est celle qui se greffe aux idées éthiques qui mènent le monde en s’assurant une liberté et une équité au stade de l’identité, de l’appartenance et de la reconnaissance d’autrui.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Ouvrages de base
- Al Nouty Hassan, Le Proche-Orient dans la littérature française de Nerval, Paris Nizet, 1958
- Arkoun Mohammed, Humanisme et Islam, Vrin, Paris, 2004
- Baring Evelyn, Modern Egypt, New York, 1908
- Benzine Rachid, Les nouveaux penseurs de l’islam, Albin Michel, Paris, 2004
- Hourani Albert, Histoire des peuples arabes, Seuil, Paris, 1998
- Lacouture Jean et al, Un siècle pour rien, FMA, 2002
- Quinet Edgar, Le génie des religions, œuvres complètes, Paris, 1857
- Renan Ernest, De la part des peuples sémitiques dans l’histoire de la civilisation, in Œuvres complètes, Paris 1947-1961
- Renan Ernest, Des services rendus aux sciences historiques par la philosophie, in Ouvres complètes, Paris 1947-1961
- Renan Ernest, L’avenir de la science, in Pensées de 1848, Paris 1890
- Schwab Raymond, La renaissance orientale, Paris, Payot, 1950
Les ouvrages en langue arabe
- Hussein Taha, L’avenir de la culture arabe
- Ishac Adib, « Les perles», pas de traduction
- Al Jabiri Mohamed, La pensée arabe en cent ans, AUB, Beyrouth, 1967
- Marrache Francis, « La forêt de la vérité», pas de traduction, édition d’Alep, pas de date
- Nassar Nassif, Vers un nouveau contrat social, Centre des études de l’union arabe, 1987
- Shemayel Chibli, « Le darwinisme ou la Philosophie d’être et la philosophie évolutionniste», pas de traduction.
Articles
- Les articles de Boutros al Boustani, dans « Nafir Souria », revue hebdomadaire
- Les articles s de Farah Antoun, dans le journal al Jami’a al ‘Arabiyya, éditions Dar Sader, Beyrouth 1985
- Les articles de Sélim al Boustani, dans al Jannah wal Jinan,
- Les quotidiens locaux : An-Nahar, Al-Anwar, Addiyar, dans leurs pages culturelles.
Conférences et séminaires
- Aoun Mouchir, Dialogue islamo chrétien, colloque USJ, 2007-11-12 Hobeika Georges, Echanges et Débats, in colloque Théologie, Philosophie et libération de l’esprit, Pusek 2007