Sommaire du dossier : Monothéisme et violence
- Le concept de non-violence dans différents contextes religieux Par Nadia Ghrab Morcos GRIC TUNIS
- Monothéismes à l’épreuve de la violence Par M.S.Janjar GRIC Maroc
- Monothéisme, violence et histoire par M. S. Janjar Gric Maroc
- A propos des versets douloureux Par Anne Balenghien, GRIC-Maroc
- Dialogue interreligieux à l’épreuve des « versets douloureux » par M.S. Janjar GRIC Maroc
- Ensemble contre la violence par GRIC Tunis
- Récits de la création par Asma Nouira, Chantal Vankalck ,GRIC Tunis
- « L’administration de la sauvagerie » par A. Sayadi -Tunis
- Ensemble vers la non violence GRIC Tunis Table ronde organisée à Tunis le 6 avril 2019
- Vous avez dit « Martyr »? Marie-Josèphe Horchani Gric Tunis
- Nouvelles formes de religiosité et radicalisation violente des jeunes tunisiens par Lajmi Chabchoub Samia GRIC Tunis
- Quelques réflexions sur le jugement d’Asia Bibi, Pakistanaise chrétienne accusée de blasphème envers l’Islam. Par Gric Tunis
COMMENT COMPRENDRE LES RECITS DE LA CREATION DE LA FEMME DANS UN CONTEXTE DE PLURALITES DES CULTURES ET DE RELIGIONS
INTRODUCTION
Depuis la fin du XIXe siècle, nous assistons à une évolution sans précèdent du statut de la femme. La reconnaissance légale de ses droits de citoyenne à part entière en est le signe le plus frappant.
Dans la culture occidentale, s’est opérée une mutation rapide du paradigme traditionnel où la femme, considérée comme une mineure, était « sous la tutelle » de son époux. Un nouveau modèle a vu le jour, introduisant un changement dans la relation homme-femme. Aussi, les relations d’autorité ont fait place à des relations de réciprocité et d’égalité.
Dans certains pays de culture arabo-musulmane, les législations concernant les droits politiques et socio-économiques, les progrès technologiques, – caractéristiques de la modernité- ont permis aux femmes d’entrer dans le domaine public, de rivaliser avec les hommes dans certains secteurs de la société, de travailler, d’avoir la même mobilité que les hommes, d’êtres chefs d’entreprises.
Mais force est de constater, à l’écoute du témoignage de nombreuses femmes à travers le monde entier et à la lecture des journaux, que des injustices, violences, maltraitances faites aux femmes sont malheureusement quotidiennes, malgré tous les acquis sociaux et juridiques des décennies passées. Nous nous sentons comme des héritières d’une Histoire marquée par de forts conditionnements qui en tout temps, en tout lieu ont rendu les chemins des femmes difficiles et l’idée de l’infériorité de la femme reste prédominante. La dyade homme-femme est régie par des règles anthropologiques complexes, révélant bien souvent un rapport de domination.
Les mêmes discriminations, méconnaissances de sa dignité, exclusions, enjeux de pouvoir semblent traverser les sociétés, les cultures, les religions. Une même image négative de la femme, qui dénature ses prérogatives, semble habiter l’imaginaire collectif : dotée de moins de force physique, la femme est considérée comme, naturellement, en son essence inférieure, soumise à l’homme, prédisposées à certains rôles et non à d’autres.
Or, pour le christianisme et l’islam, l’humain est l’entité suprême, créé à l’image de Dieu.
L’objet de cet article à deux voix serait de revisiter les textes bibliques et coraniques concernant la création de l’être humain et de vérifier l’hypothèse qu’il est possible de lire autrement ce récit, pourtant si connu et souvent réduit à la caricature « Eve sortie de la côte d’Adam» et de mettre en exergue la perception de la femme dans nos Ecritures et traditions respectives.
En effet, ces lectures permettront-elles de légitimer la domination de l’homme sur la femme ? Ou au contraire, permettront-elles d’affirmer que l’homme et la femme sont créés égaux et différents, que l’altérité qui existe au cœur même de la création est voulue par Dieu ?
Le corpus sur lequel nous avons choisi de travailler est le suivant :
* Les récits de la Création dans la Genèse (traduction de la TOB, avec remplacement en français de certains termes par l’hébreu original) :
(Gn.1, 26-27) : Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance et qu’il soumette les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, […].Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, Homme et Femme, il les créa. »
وَقَالَ اللهُ: «نَعْمَلُ الإِنْسَانَ عَلَى صُورَتِنَا كَشَبَهِنَا، فَـيـَتَـسَلَّطُونَ عَلَى سَمَكِ الْبَحْرِ وَعَلَى طَيْرِ السَّمَا
فَخَلَقَ اللهُ الإِنْسَانَ عَلَى صُورَتِهِ. عَلَى صُورَةِ اللهِ خَلَقَهُ. ذَكَرًا وَأُنْثَى خَلَقَهُمْ
(Gn 2, 4b-25) : 2,18 Le Seigneur Dieu dit : « Il n’est pas bon pour l’adam d’être seul; je veux lui faire une aide qui lui soit accordée. » … 2,21 Le Seigneur Dieu fit tomber dans une torpeur l’adam qui s’endormit ; il prit l’une de ses côtes, et referma les chairs à sa place.
2,22 Le Seigneur Dieu transforma la côte qu’il avait prise à l’adam en une isha. Et il l’amena vers l’adam.2,23L’adam s’écria : « Voici cette fois l’os de mes os et la chair de ma chair, celle-ci, on l’appellera isha car c’est de l’ish qu’elle a été prise. » 2,24 Aussi l’ish laisse-t-il son père et sa mère pour s’attacher à son isha et ils deviennent une chair une.
وَقَالَ الرَّبُّ الإِلهُ: «لَيْسَ جَيِّدًا أَنْ يَكُونَ آدَمُ وَحْدَهُ، فَأَصْنَعَ لَهُ مُعِينًا نَظِيرَهُ
فَأَوْقَعَ الرَّبُّ الإِلهُ سُبَاتًا عَلَى آدَمَ فَنَامَ، فَأَخَذَ وَاحِدَةً مِنْ أَضْلاَعِهِ وَمَلأَ مَكَانَهَا لَحْمًا
وَبَنَى الرَّبُّ الإِلهُ الضِّلْعَ الَّتِي أَخَذَهَا مِنْ آدَمَ امْرَأَةً وَأَحْضَرَهَا إِلَى آدَمَ
فَقَالَ آدَمُ: «هذِهِ الآنَ عَظْمٌ مِنْ عِظَامِي وَلَحْمٌ مِنْ لَحْمِي. هذِهِ تُدْعَى امْرَأَةً لأَنَّهَا مِنِ امْرِءٍ أُخِذَتْ
لِذلِكَ يَتْرُكُ الرَّجُلُ أَبَاهُ وَأُمَّهُ وَيَلْتَصِقُ بِامْرَأَتِهِ وَيَكُونَانِ جَسَدًا وَاحِدًا.
* Les Versets Coraniquesde la création de l’espèce humaine d’une manière générale (Traduction de Denise Masson, Ed. Gallimard 1967[1]) :
Sourate 4, verset 1 (An-Nissa Les Femmes) : Ô vous les hommes ! Craignez votre seigneur, qui vous a créés d’un seul être, puis de celui-ci, il a créé son épouse et il a fait naître de ce couple un grand nombre d’homme et de femme[2].
يا أيها الناس اتقوا ربكم الذي خلقكم من نفس واحدة وخلق منها زوجها وبثّ منهما رجالا كثيرا ونساء، واتقوا الله الذي تساءلون به والارحام.
Sourate 6, verset 98 (Al-An’am Les Troupeaux) : C’est lui qui vous a fait naître d’une personne unique, réceptacle et dépôt, nous exposons les signes aux hommes qui comprennent [3].
وهو الذي أنشأكم من نفس واحدة فمستقر ومستودع قد فصلنا الايات لقوم يفقهون
Sourate 7 (Al-A’raf Les murailles) :
Verset 11 : Oui, nous vous avons créés, et nous vous avons modelés, puis nous avons dit aux anges « prosternez-vous devant Adam ».
ولقدخلقناكم ثم صوّرناكم ثم قلنا للملائكة اسجدوا لآدم فسجدوا إلا إبليس لم يكن من الساجدين
Verset 189 : C’est lui qui vous a créés d’un seul être dont il a tiré son épouse pour que celui-ci repose auprès d’elle[4].
هو الذي خلقكم من نفس واحدة وجعل منها زوجها ليسكن اليها
Sourate 30, verset 21 (Ar-Rûm les Romains) : Parmi ses signes : il a créé pour vous, tirées de vous, des épouses afin que vous reposiez auprès d’elles, et il a établi l’amour et la bonté entre vous[5].
ومن آياته ان خلق لكم من انفسكم ازواجا لتسكنوا اليها وجعل بينكم مودة ورحمة ان في ذلك لايات لقوم يتفكرون
Sourate 35, verset 11 (Al-Fatir Le Créateur) : Dieu vous a créés de terre, puis d’une goutte de sperme. Il vous a ensuite établis par couple.
والله خلقكم من تراب ثم من نطفة ثم جعلكم ازواجا
Sourate 38, verset 71-72(Çad) : Ton seigneur dit aux Anges « Oui, je vais créer d’argile un mortel, lorsque je l’aurai harmonieusement formé et que j’aurai insufflé en lui de mon Esprit : Tomber prosternés devant lui »[6].
اذ قال ربك للملائكة اني خالق بشرا من طين، فاذا سويته ونفخت فيه من روحي فقعوا له ساجدين
Sourate 39, verset 6 (Az-Zûmar les Groupes) : Il vous a créés d’un seul être dont il a ensuite tiré son épouse[7].
خلقكم من نفس واحدة ثم جعل منها زوجها
Sourate 49, verset 13(Al-Hujûrat les Appartements privés) : Ô vous les hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle. Nous vous avons constitués en peuples et en tribus pour que vous vous connaissiez entre vous.
يا أيها الناس انا خلقناكم من ذكر وانثى وجعلناكم شعوبا وقبائل لتعارفوا ان اكرمكم عند الله اتقاكم ان الله عليم خبير
Dans un premier point, nous allons reconsidérer nos textes sacrés respectifs. Ensuite, nous mettrons en exergue les notions que l’on peut ressortir de ces lectures : infériorité, subornation ou égalité dans la différence, réciprocité, altérité, complémentarité. Nous vérifierons aussi l’hypothèse d’une lecture qui permet de soutenir ou non que la femme représente un vis-à-vis, une différence irréductible, une altérité, tout en étant semblable à l’homme, avec une égale dignité. Finalement, nous conclurons en relevant les enjeux de la relation à l’autre dans un horizon de rencontre des cultures et des religions.
I-RECONSIDERATION DES TEXTES SACRES :
I.1. TEXTES BIBLIQUES
Dans le second chapitre de la Genèse (Gn2, 4b-25), nous est proposé le plus ancien[8] des deux récits bibliques de la création de l’Humain.
Sous un mode mythique, le début du récit présente l’Humain, l’Adam[9] créé comme une entité sexuellement indifférenciée (v7). Une fois l’Adam installé dans le Jardin (v15), pour que sur l’ordre de Dieu, il cultive et garde la terre, Dieu constate qu’ « il n’est pas bon que l’Adam créé soit seul », littéralement « pour lui-même ». Nous pouvons traduire cette expression par solitude, ennui de n’avoir personne à ses côtés. Nous pouvons aussi élargir le sens au-delà de la note émotionnelle en traduisant par égocentrisme, enfermement sur soi qui peut aboutir finalement à une non-relation. De plus, c’est la première fois que, dans le récit de la création, cette expression est utilisée, alors que Dieu jusque-là avait déclaré bon le résultat de son œuvre créatrice.
L’Adam, le terreux insufflé de Vie, n’est donc pas créé pour la solitude. La solution trouvée par le Créateur pour contrer celle-ci est d’abord de créer les animaux aussi modelés comme l’Adam à partir du sol (v18). Mais ceux-ci ne correspondent pas à l’ « aide[10] qui lui soit accordée» (TOB), assortie (BJ) – devant de lui (v19-20). Comme le démontrent les auteurs du livre «Aux sources hébraïques de la foi chrétiennes », p. 43, Dieu semble attendre cette prise de conscience du premier Adam, réalisant à ce moment-là qu’il ne peut se suffire à lui-même et vivre sans creuser en lui le besoin et le désir de l’autre, capable de répondre à son attente. Dieu fait alors tomber l’Adam dans une torpeur[11] (v21) pour opérer en son corps la coupure, la séparation nécessaire pour un face à face, un vis-à-vis, sans laquelle aucune relation n’est possible.
Certaines versions traduisent par « Dieu pris une de ses côtes »[12], mot habituellement utilisé non pour désigner une partie du corps mais le flanc, le côté d’une construction sacrée. La création de la femme est assez surprenante, car elle semble tout d’abord émerger d’un manque d’égalité entre lui et les autres créatures, d’un manque d’altérité et donc d’un désir de l’autre. De plus, la femme est construite (banah, mot réservé à la construction de bâtiments, y compris sacrés, à l’instar d’un architecte qui a un plan) et non pas comme l’Adam modelé à partir de la terre. Certains voient, dans ce deuxième essai d’un « vis-à-vis », de la création de la femme, comme une forme culminante de l’œuvre créatrice de Dieu, bien loin de l’image Eve sortie de la côte d’Adam exprimant une infériorité, une subordination et de l’idée d’une simple réplique, un remodelage à répétition.
Comme le dit Marie Balmary «la femme arrive et il parle : identité et différence de soi et de l’autre, parole sur le corps propre, trois catégorie de temps. L’Adam reconnait, annonce et fait récit de la femme (isha) et de lui (ish) ».
- L’Adam, ébahi, reconnait (v. 23), s’y reconnait.
- Lorsque l’Adam sort de la solitude, il en surgit comme être de parole, qui s’exclame « c’est l’os de mes os, la chair de ma chair »[13]. Il exprime ainsi une certaine satisfaction car il la reconnait comme l’essence de son essence, semblable à lui, avec une égale dignité et une comme identité qui les distingue de tout le reste de la création.
- L’Adam devient homme masculin « ish » (v 23b) lorsqu’en situation de manque et de désir de sa moitié, il voit et reconnaît face à lui, dans un vis-à-vis, une femme « isha », lieu même du processus de différenciation humaine, sexuelle.
C’est donc en la reconnaissant qu’il se « re-connaît », à la fois comme semblable, identique même, et néanmoins autre, différent corporellement : une manière biblique de mettre en exergue que l’identité humaine est relationnelle. Le symbole de l’altérité irréductible est représenté par « l’autre humain », l’aide devant lui, la femme qui permet de rompre la solitude de l’Adam et de l’empêcher de tomber dans un enfermement mortifère.
La relation à l’autre commence dans un face à face, sans fusion, sans confusion, là où l’un et l’autre se reconnaissent mutuellement dans le respect de la différence. L’homme et la femme ne peuvent être authentiquement eux-mêmes que l’un à côté de / avec l’autre, dans leur ressemblance et leur différence, dans leur relation à Dieu, dans leur relation avec les autres créatures et au cosmos.
Finalement, cette expression désigne bien l’appartenance à une même famille, celle que constituent l’homme et la femme, appelées à s’unir pour former « une seule chair ». Ce changement de nom marque l’émergence de deux individus, « la différenciation de l’Adam, qui était, au départ mâle et femelle et donc capable de se reproduire comme tous les animaux et en qui devenant époux et épouse, est capable de « procréer » en s’aimant et en se soutenant dans le don de toute une vie …Lorsque l’homme et la femme acceptent d’exprimer et d’unir leur différence de nature, ils redessinent le visage de l’Un, à l’image de Dieu. »[14]!
Le deuxième récit biblique[15] de la création en Genèse 1, 26-28 est plus tardif et complète le premier. Il redit autrement la même vision tout en soulignant que le fait d’être à l’image et à la ressemblance de Dieu est un élément distinct et spécifique de l’Adam[17] et celui-ci est créé mâle et femelle[18].
En effet, après avoir créé[19] (Gn1, 1-25) l’univers, les végétaux et les animaux par Sa Parole, dans un acte de séparation et de différenciation, Dieu bénit l’ensemble de la création[20] (v25). L’Adam créé ensuite le sixième jour, est pris lui aussi dans cette bénédiction mais avec une place particulière car l’Adam, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, est considéré comme une créature très bonne (31).
« Dieu dit : Faisons[21] l’homme (= Adam) à notre image selon notre ressemblance, pour qu’ils dominent […]. Puis est ajouté comme en note explicative Dieu créa l’homme (=Adam) à son image :
Il le créa à l’image de Dieu, Homme et femme (= mâle et femelle) il les créa.
Le texte se termine ainsi : Dieu les bénit et Dieu leur dit : soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. »
De cette manière est mise en exergue qu’« Adam est à la fois singulier « le » et pluriel « les ». Il est créé mâle et femelle. Adam n’est donc pas l’humanité mâle, il est l’être humain dans ses deux principes féminin et masculin liés ensemble…. »[22]
L’Adam, l’Humain est « un » en son Essence, avec une commune identité car l’Adam créé à l’image de Dieu et il est « multiple » sous deux modalités d’existence biologique –masculine et féminine- dans ses personnes dont chacune est unique, distinguées et distinctes.
Dans le récit de la création de l’Adam en Gn2, Dieu le place dans « le jardin d’Éden » où il trouvera tout ce qui lui est nécessaire pour vivre. Mais Dieu ajoute une condition à ce bonheur : le respect d’un interdit. Tu peux manger de tous les arbres du jardin. Mais de l’arbre de la connaissance du bien et du mal tu ne mangeras pas, car, le jour où tu en mangeras, tu deviendras passible de mort. (Gn 2,16-17). Cette manducation du fruit interdit vient ensuite (Gn 3) casser quelque chose de cette belle harmonie relationnelle, mais n’apporte rien de plus sur cette égale dignité et cette même identité de l’homme et de la femme
I.2. VERSETS CORANIQUES :
Nous remarquons, d’abord que les versets concernant la création sont d’ordre général. Ils portent sur la création de l’humanité ou l’être humain ou le genre humain. Par contre, Adam, comme première créature, et son épouse ne sont cités que dans le récit de la première épreuve, dans un dialogue avec Iblis.
La même formule revient dans plusieurs versets : Dieu a créé l’humanité « d’un seul être » (خلقكم من نفس واحدة), puis créa de celui-ci son épouse (Sourate 4, verset 1 ; Sourate 6, verset 98 ; Sourate 7, verset 189 ; Sourate 30, verset 21 ; Sourate 39, verset 6). Par ailleurs, le Coran précise dans le verset 13 de la sourate 49 que Dieu a créé le genre humain «d’un mâle et d’une femelle » (يا أيها الناس انا خلقناكم من ذكر وانثى).
Aucun verset ne nous éclaire sur la création d’Eve.
D’où vient alors, l’idée que « Eve est sortie de la côte d’Adam » ?
Le récit biblique portant sur la création de Eve est repris par certains commentateur du Coran, particulièrementà partir du 6e siècle de l’Hégire (11e/12esiècles)[23]. Dans le commentaire du verset 35 de la sourate 2 (la vache)[24]., Ibn Kathir(1301-1373)[25], cite deux récits bibliques. Selon le premier, Eve est créée de la côte gauched’Adam pendant son sommeil. Quand il se réveilla, il cria « ma chair, mon sang, mon épouse ». Selon le deuxième, Adam s’ennuya, seul dans le jardin, alors Dieu créa une femme, toujours de sa côte, pendant son sommeil. Se tiendra alors la première conversation entre Adam et cette nouvelle créature :
– « qui es-tu ?», lui demanda
– elle répondit : « une femme!»
– Pourquoi es-tu créée ?
– pour que tu cohabites avec moi ! (لتسكن إليّ).
Alors les Anges demandaient à Adam son nom, il leur répondit : « Hawwa (حوّاء), car elle est créée d’une chose vivante »[26].
Un peu plus loin, dans le commentaire du premier verset du la quantième sourate (les femmes)[27], Ibn Khatîr, confirme que le « seul être » est Adam[28]. Concernant son épouse, il reprend le même récit sans faire référence à la source biblique. Il le consolide avec un Hadith : « la femme est créée d’une côte, le haut de la côte est l’endroit le plus tordu, tu risques de le briser si tu essais de le rectifier, jouis d’elle malgré la tortuosité »[29]
Pour le même verset de la sourate la vache, un autre commentateur du Coran,Fakhral-Dînar-Râzî (1150-1210), raconte exactement la même histoire sans faire référence à la source biblique, contrairement à Ibn Kathîr. Il relate le Hadith mais dans d’autres termes : « la femme est créée de la côte de l’homme, si tu veux la rectifier tu risques de la briser, si tu la laisse en l’état, tu en tire profit et elle se redressera »[30].
Al-Tobrossi (1073-1153), un des plus anciens commentateurs shiites, confirme que Eve a été créée de la côte d’Adam qui s’ennuyait, seul, au jardin après que Iblis a été chassé. Cependant, selon lui, rien n’empêched’admettre que Dieu la créa de la totalité du corps d’Adam[31].
Le renvoie au récit biblique, implicitement ou d’une manière explicite, trouve sa place aussi chez les commentateurs modernes. Le savant shiite Mohamed Hassine Al-Tabatabai’ (1903-1981), ainsi que le cheik Sunnite Mohamed Al-Taher Ben Achour (1879-1973) font référence au livre de la Genèse lors du commentaire du verset 35 de la sourate la vache[32].
II-MISE EN EXERGUE DES NOTIONS et VERIFICATION DE L’HYPOTHESE.
Les deux récits de la création dans la Bible et les versets coraniques, nous livre un même message fondamental :
- La création de l’Humain relève d’une décision particulière et singulière de Dieu. La création dans son ensemble est considérée comme bonne mais seul l’Adam est considéré comme une créature très bonne et y tient une place distinctive au sein de la création (Gn1, 27; Al-Isra’,70). Placé à son sommet, l’ADAM, modelé de la terre ADAMAH reçoit dans ses narines le souffle divin (Gn2, 7; Çad, 71-72) le faisant véritable quelqu’un et non quelque chose.
- L’Adam dans ses deux composantes – mâle et femelle – est créé par la Parole dans un acte de séparation (Gn1, 26), de différenciation sexuelle (Al-Hûjûrat, 13), instaurant ainsi une juste distance entre eux et une capacité relationnelle.
L’Adam est un être de parole (Gn2, 23). Sa première parole de l’Adam donne naissance à une reconnaissance de l’un et de l’autre, à une relation interpersonnelle. L’identité humaine particulière et authentique est donc relationnelle (Gn2, 23) : relation de réciprocité de l’homme à l’égard de la femme et de la femme à l’égard de l’homme. La création de l’autre, du « vis-à-vis » répond, dans la Bible et dans le Coran, à rompre la solitude, à ne pas rester seul, à mettre en relation, elle répond au besoin d’altérité, au besoin d’amour (Al-A’raf, 189 ; Al-Rûm, 21).
- La rencontre, la quête de soi passe obligatoirement par la rencontre de l’autre, car l’autre est le miroir de soi-même. L’Humain, créé être de relation par Dieu ne peut vivre que dans l’altérité et la reconnaissance de soi, de l’autre, différent et toutefois semblable car créés à l’image, à la ressemblance de Dieu. Le même et le différent sont au cœur d’un processus de reconnaissance mutuelle. Homme et femme ont en effet une commune essence, une même identité qui les distingue du reste de la création, ils sont égaux en dignité et en droit. La différence entre l’homme et la femme porte sur leur corporéité (différence de sexe, différence biologique). Elle n’implique pas une tâche essentielle autre, ni une fonction radicalement différence car Dieu confie à l’Adam une seule mission qui est celle de prendre soin de la création. Cette différence corporelle entraine deux façons différentes de voir les choses, d’agir, d’appréhender le réel, de se rapporter au temps et à l’espace, d’entrer en relation les unes avec les autres.
- Le texte biblique, ainsi que le coran, tout rappelant que la différence n’affecte pas l’essence commune aux deux, souligne cependant la complémentarité, qui serait plutôt à comprendre comme une forme d’interaction entre l’homme et la femme. Dans un couple, le comportement de l’un complète celui de l’autre, l’un ne va pas sans l’autre. L’être humain a en effet besoin de la relation à l’autre pour vivre et se construire. Les hommes et les femmes étant coresponsables de la Création qui leur a été confiée, sont appelés à collaborer dans le jeu des réciprocités et des différences .Les termes « zawj » (paire), « zawjaïn» (duo/couples)et « Azwaj » (paires/couples)sont multiples dans le Coran,qui nous informe qu’il s’agit bien d’un principe sur lequel repose la création de ce monde : « Nous avons créé un couple de chaque chose» (Ad-Dhariyat, 49)[33].
Le genre humain n’en fait l’exception ! Le mot zawj, dans la langue arabe, désigne à la fois le male et la femelle. Dans ce duo (zawj), l’un ne peut exister sans l’autre. Le terme renvoie, à la ressemblance, l’identification[34] et aussi à la complémentarité. Chacun a besoin de l’autre pour cohabiter dans l’amour et dans la bonté (Ar-Rûm, 21). Cependant, cette complémentarité ne signifie en aucun cas l’infériorité de la femme et sa subordination par l’homme. Les deux sont égaux, entant qu’être humain, dans la différence. Al-Sayyed Mohamed Hussein Fadlullah, un des grands ulémas shiite, écrit dans ce sens : « Les messages divins se succèdent pour mettre l’homme et la femme face à la responsabilité. Si la continuité de la vie s’assurait à travers leur interaction physique, de telle sorte que chacun d’eux, pris séparément ne pouvait aucunement reproduire la vie dans la nouvelle naissance, l’évolution spirituelle ainsi que le développement pratique et la prospérité matérielle de la vie ne pourraient prendre leur élan que dans la responsabilité commune. Ainsi, chacun – de l’homme et de la femme – a un rôle qui correspond à ses caractéristiques spécifiques les distinguant l’un de l’autre et un rôle commun qui correspond à la communauté de leur appartenance humaine et à celle de leur volonté, de leur pensée et de leur mouvement »[35].
Le Pape François précise lors de l’audience générale du 15 avril 2015 que « pour bien se connaitre et grandir harmonieusement, l’être humain a besoin de la réciprocité entre l’homme et la femme ». « Sans l’enrichissement réciproque dans cette relation – dans la pensée et dans l’action, dans les sentiments et dans le travail, même dans la foi – les deux ne peuvent même pas comprendre réellement ce que signifie être un homme ou une femme ».
Mais force est de constater que la culture moderne a introduit des doutes sur la compréhension de cette différence, de cette complémentarité, ne voulant plus, quelquefois, la reconnaître; ne sachant plus bien comment l’assumer, et revendique alors une parité comme fin en soi, une égalité absolue. Or pour que se réalise vraiment la plénitude de l’Humain,l’Homme et la Femme, en tant que couple dans leur complémentarité, à l’image et à la ressemblance de Dieu, sont appelés à s’unir pour former « une seule chair » et à devenir communion entre eux et avec Dieu.
Par conséquent, il est clair que les textes ne sollicitent nullement en la suprématie de l’homme sur la femme, ni inversement de la supériorité de la femme sur l’homme. En effet une lecture attentive des textes dans leur langue d’origine (ou à défaut le plus de la traduction la plus proche de l’original) permet de proposer une exégèse d’égalité entre homme et femme dans la différence comme source de la subjectivité, ou inversement une exégèse de la différence, d’altérité dans l’égalité.
Le refus de toute idéologie qui cautionne une différence de rôles sociaux appuyée sur la différence sexuelle, ou qui sous-tend une subordination sociale de la femme à l’homme amène le Concile Vatican II a affirmé que toute forme de discrimination, notamment fondée sur le sexe est contraire au Dessein de Dieu[36]. Il appuie « l’égale dignité personnelle qu’il faut reconnaitre à la femme et à l’homme dans l’amour plénier qu’ils se portent l’un à l’autre ». La relation de réciprocité prévaut donc sur la structure hiérarchique du couple.
Le pape François a souligné que « l’homme et la femme possèdent une nature identique, mais avec des modalités propre, l’un est nécessaire à l’autre et vice-versa, afin que s’accomplisse vraiment la plénitude de la personne». En effet, il ressort des textes sacrés que Dieu confie une mission identique à l’homme et à la femme (Genèse 2,15 et Houd, 61), crées à son image et à sa ressemblance, égaux en dignité et en droits néanmoins, en raison leur différence corporelle, ils auront deux manières différentes de se comporter, d’entrer en relation avec le monde, avec l’autre, avec Dieu, avec le cosmos et d’agir, de répondre à la Volonté de Dieu.
CONCLUSION :
Nous avons constaté dans notre démarche de recherche « pour mieux comprendre et mieux croire[37]» que se contenter de la lecture de certaines traductions, peut nous faire tomber dans le piège des lectures fondamentalistes, ou chronologiques, ou historiques. Il était donc important de revisiter les textes d’une façon renouvelée, à comprendre tout en accordant de l’importance à notre foi et à croire sans se soustraire à un examen raisonné des textes.
De plus, nous avons pu prendre la mesure du conditionnement historique et de la distance entre les conceptions patriarcales de ces récits et la perception actuelle d’une vérité transhistorique qui vient de nos textes sacrés. Le sens de nos textes sacrés une fois redécouvert nous appelle à une autre certitude de foi, à ne pas rester aveuglés par certains déterminismes ou modèles sociaux créant des discriminations, dissimilitudes, assujettissements.
Au cours de ces dernières décennies, une évolution sans précédent a traversé les cultures et permis le dépassement de deux modèles mais qui n’ont malheureusement pas fini de laisser des traces négatives :dépassement du paradigme séculaire de la subordination sociale de la femme à l’homme qui a parfois fait place dans certaines sociétés à une autre modèle de pure et simple parité, appliquée mécaniquement avec une égalité absolue qui nie les différences. Mais en général il s’est enfin constitué un modèle nouveau : celui de la réciprocité homme- femme qui permet de reconnaitre que l’un et l’autre sont nécessaires car ils possèdent une nature, une essence identique, mais avec des modalités propres. D’où la nécessité d’une recherche d’un juste équilibre entre égalité et différence.
Dans le N° 4[38] de la Chartre du premier séminaire du Forumcatholico-musulman il est écrit : Nous affirmons que la création de l’humanité par Dieu revêt deux grands aspects : la personne humaine, homme et femme, et nous nous engageons ensemble à garantir que la dignité humaine et le respect soient étendus sur une base d’égalité aux hommes et aux femmes.
La nouvelle possibilité de lecture qui ressort de ce travail nous amène à reconsidérer la façon dont nous appréhendons la différence irréductible de l’autre (différence de sexe, de cultures, de religions, de convictions…) et à se poser d’autres questions en tant que croyants « Comment puis-je connaître l’ « autre », qui est différent de moi, Comment puis-je le découvrir, le respecter, l’estimer si je garde des appréhensions et des craintes à son propos ? Comment puis-je approfondir la construction de ma propre identité croyante sans nier, rejeter et mésestimer le point de vue des autres, et en particulier les autres traditions religieuses ? Ce nouveau modèle de relation de réciprocité et d’égalité homme – femme ne peut-il pas nous servir d’appui à une anthropologie universelle dans le dialogue interreligieux et le rapport entre les cultures ?
À partir du constat de la diversité d’appréhension du monde par nos sens, d’un monde culturel totalement différent et de l’interférence du sociétal et du culturel avec le religieux, il est important, comme préalable à toute rencontre, de prendre acte de la différence[39], de l’accepter jusque dans ce qu’elle a de dérangeant, de respecter l’altérité de l’interlocuteur dans son identité[40] et d’apprendre à le reconnaitre comme sujet libre et responsable. D’où la nécessité d’un juste équilibre entre l’identité propre et l’ouverture aux autres, l’altérité.[41] Chaque religion est une totalité, un système cohérent qu’il faut essayer de comprendre dans son ensemble, humblement, patiemment. Pour cela, l’unique méthode possible est de partir non pas d’un échange sur les dogmes (qui pourra intervenir dans une étape ultérieure), mais de l’expérience que chacun fait de Dieu dans sa propre religion, pour arriver à une expérience de respect dans la réciprocité, l’amitié fera émerger la confiance. Nous pourrons ensemble contribuer à favoriser une meilleure connaissance de uns et de autres, à un approfondissement de leurs convictions, à une conversion de chacun en suivant les préceptes de sa religion, en vue de s’approcher de Dieu et d’augmenter le poids du bien du monde ». Tel est l’objectif du dialogue interreligieux comme écrit le cardinal Tauran[42].
Nous concluons ce travail en empruntant encore ses mots «Vous voyez comment le dialogue n’est autre que ce long pèlerinage vers la Vérité qu’accomplissent tous les croyants et les chercheurs d’Absolu »[43], et « Et si ton Seigneur l’avait voulu, il aurait réuni l’humanité tout entière en une seule communauté » (Houd 118).
- [1] Nous mettons aussi mis en bas-de-page la tradition de Malek Chebel quand il y a une différence significative. ↩
- [2]La traduction de Malek CHEBEL: Ô vous les hommes, craignez votre Seigneur, Celui qui vous a créés d’un seul être. Et de cet être initial, Il a sorti son épouse. Du couple, il a fait foisonner une profusion d’hommes et de femmes. ↩
- [3] La traduction de Malek CHEBEL: C’est Lui qui vous a créés d’un seul être, lieu d’accueil et terrain d’expansion. Nous avons conçu les versets pour un peuple qui comprend.↩
- [4] La traduction de Malek CHEBEL : C’est Lui qui vous a créés d’un être unique, dont Il a conçu une épouse, afin que celui-ci trouve la paix auprès d’elle. ↩
- [5] La traduction de Malek CHEBEL : Et parmi Ses signes, la naissance de vos épouses, nées de vous-mêmes, afin que vous puissiez cohabiter avec elles dans l’amour et la bonté. ↩
- [6] La traduction de Malek CHEBEL : Et lorsque ton Seigneur dit aux anges : Je vais créer un être humain à partir d’un peu d’argile. Et lorsque Je l’aurai bien formé et soufflé en lui de Mon souffle, vous vous mettrez devant lui en vous prosternant ↩
- [7] La traduction de Malek CHEBEL : Il vous a créés d’un être unique et, de cet être, Il a créé son épouse.↩
- [8] Le « document de tradition yahviste » (J), rédigé vers 930 BC (époque de Salomon).↩
- [9] LE TERREUX – L’Adam ↩
- [10] AIDE – ‘Ezer↩
- [11] TORPEUR – Tardéma Sommeil profond mystérieux ↩
- [12] CÔTE – Tséla ↩
- [13] OS ET CHAIR – Etsem et bassar – ↩
- [14] Élisabeth SMADJA et Marie Hélène DU PARC LOCMARIA « Aux sources hébraïques de la foi chrétienne » p. ↩
- [16]↩
- [15] Le « document de tradition sacerdotale » (P) fut rédigé vers 550 BC .[16] Le « document de tradition sacerdotale » (P) fut rédigé vers 550 BC .↩
- [17] « L’homme et la femme sont à la fois différents et complémentaires. Cette différence est présente dans la création ; mais dans le cas de l’homme et de la femme, elle porte l’image et la ressemblance de Dieu. Mais c’est seulement dans l’homme et dans la femme qu’elle porte en elle l’image et la ressemblance de Dieu; Cela nous dit que non seulement l’homme pris pour lui-même est à l’image de Dieu, non seulement la femme prise pour elle-même est à l’image de Dieu, mais aussi l’homme et la femme, en tant que couple, sont à l’image de Dieu. La différence entre l’homme et la femme n’est pas pour l’opposition, ou la subordination, mais pour la communion et la génération, toujours à l’image et à la ressemblance de Dieu ». Catéchèse du Pape François du 15 avril 2015↩
- [18] Aux Sources Hébraïques p. 43 : C’est pourquoi dans le judaïsme, seul l’homme uni à la femme C’est pourquoi dans le judaïsme, seul l’homme uni à la femme porte le nom d’Adam, car c’est dans et par le mariage que le couple redessine le visage du Créateur. Mais l’on peut aussi comprendre que l’être humain qui possède en lui ces deux principes du masculin et du féminin, doit les unir en noces intérieures, retrouvant les chemins de l’Un, afin de mérité le nom d’Adam et de retrouver sa ressemblance avec Dieu.↩
- [19] Annick de SOUZENELLE dans son livre « Va vers toi : La vocation divine de l’Homme » précise au sujet de ce verbe Bara : Il peut être lu « pose dans le voir, dans la lumière », c’est-à-dire poser dans l’altérité. p. 44↩
- [20] « Dieu vit que cela est bon »↩
- [21] Notes de la Bible de Jérusalem : ce pluriel peut impliquer une délibération de Dieu avec sa cour céleste, ou exprimer un pluriel de majesté et la richesse intérieure de Dieu dont le nom commun en hébreux est de forme pluriel Elohim. Anne de SOUZELLE développe l’idée que l’Adam, créé à l’image de Dieu, « mâle et femelle » signifie que le modèle de cette bipolarité est en Dieu (p. 26), qu’en Dieu le principe –mâle et femelle-, non dans son essence qui est Une mais dans sa relation à l’autre, le créé, soit dans la relation de Dieu à L’homme qui récapitule le créé (archétype principiel) p. 72↩
- [22] Aux sources hébraïques, p. 42↩
- [23] On ne trouve pas ces récits, par exemple, chez Ibn Jarir Al-Tabbari (839-923/ 3e siècle de l’Hégire). Surnommé Imem al Moufassinin, Al-Tabbari est considéré le père fondateur de l’exégèse par son œuvre « Djami’ al-Bayan fi tafsir al-Qo’ran » (L’ensemble des preuves dans l’exégèse du Coran).↩
- [24] « Et Nous dîmes : « Ô Adam, habite le Paradis toi et ton épouse, et nourrissez-vous-en de partout à votre guise; mais n’approchez pas de l’arbre que voici : sinon vous seriez du nombre des injustes ».↩
- [25] Imâd ad-DînAbû al-Fidâ’ ‘Ismâ’îl ben ‘Umar ben Kathîr (1301-1373), juristechâfi’ite et exégètesyrien. Son commentaire de Coran estparmi les plus répondus. ↩
- [26] Imâd ad-DînAbû al-Fidâ’ ‘Ismâ’îl ben ‘Umar ben Kathîr, Tafsir al qora’n al adhim, Dar Al-Jil, Beyrouth 1990, Vol. 1 p. 76↩
- [27] « Ô vous les hommes ! Craignez votre seigneur, qui vous a créés d’un seul être, puis de celui-ci, il a créé son épouse et il a fait naître de ce couple un grand nombre d’homme et de femme ↩
- [28] Selon Ibn Kathîr, de même pour les autres versets, « le seul être » c’est toujours Adam ↩
- [29] « إن المرأة خلقت من ضلع، وأن أعوج شيء في الضلع أعلاه، فإن ذهبت تقيمه كسرته، وإن استمتعت بها استمتعت بها وفيها عوج » ↩
- [30] Fakhral-Dînar-Râzî, Al-tafsir al-kabri ou les clés de l’invisible, Le Caire, Al-maktaba al Tawfiqiya 2003, Vol. 2 p. 3↩
- [31] Amin Al-Islam abi Ali al-Fadhl al-Hassan Al-Tobbrossi, Majma’ al bayan fi tafsir al qora’n, Alaalami Library, Beyrouth 2005, Vol. 1 p. 168.↩
- [32] Mohamed Hassine Al-Tabatabai’, Al-mizane fi tafsir al qora’n, Alaalami Library, Beyrouth 1991, Vol. 2 p. 141.
Mohamed Al-Tahar Ben Achour, tafsir al-tahrirwa al-tanouir, La maison Tunisienne de l’Edition, Vol. 1 p. 429.↩
- [33] Voir aussi Az-Zokhrûf, 12 et Ya-sin, 36. ↩
- [34] Al-Tabatabai’, Op. Cit. Vol. 4 p. 140↩
- [35] Mohamed HuseinFadlullah, Regards islamiques sur la femme, traduit de l’arabe par Akil El-Cheikh Husein, Dar Al-Bouraq, Beyrouth 1995 p. 10-11↩
- [36] Gaudium et Spes 29,90 et Gaudium et Spes 49 ↩
- [37] « Comprends donc pour croire et crois pour comprendre » Augustin, Sermon 43, in Les plus beaux Sermons de saint Augustin, réunis et traduits par Georges Hameau, tome I, Institut d’études augustiniennes, 1986↩
- [38] L’égalité homme-femme, est un des points auxquels souscrivent les membres du premier séminaire du Forum catholico-musulman qui s’est tenu à Rome du 4 au 6 novembre 2006. N° 4 de la déclaration finale.↩
- [39] Jean-Jacques PERENNES, Pierre Claverie, Un Algérien par alliance, op.cit., p. 231 ‘Aussi longtemps que nous n’avons pas mesuré la longueur, la largeur, la profondeur, toute l’étendue de l’abîme qui nous sépare, nous ne sommes pas prêts à nous reconnaître, à nous connaître, à nous aimer’↩
- [40] Ibid., p. 221 ‘Non seulement j’admets que l’autre est autre, sujet dans sa différence, libre dans sa conscience, mais j’accepte qu’il peut détenir une part de vérité qui me manque, et sans laquelle ma propre quête de vérité ne peut aboutir totalement’. ↩
- [41] Pierre CLAVERIE, Petit traité de la rencontre et du dialogue, op.cit. p. 38 ‘Nier l’autre, c’est se mutiler soi-même’.↩
- [42] Le cardinal JL TAURAN, idem , p.194, le but du dialogue n’est pas la conversion du partenaire..; nous sommes en face du mystère de deux libertés – celle de Dieu et celle de l’homme- sur lesquelles nous n’avons aucune prise…Tous ceux qui sont engagés dans le dialogue reconnaissent que le DI nous oblige à approfondir notre propre foi , à nous prépare pour la rencontre avec nos partenaires, afin d’être capables “de rendre raison de l’espérance qui est en nous; tout dialogue commence par la profession de foi.↩
- [43] BENOIT XVI, 1er février 2007. Discours aux membres de la Fondation pour la recherche du dialogue interreligieux et interculturel) p. 31, 78↩